mercredi 2 décembre 2009

poème à chuchoter

GREEN

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.

J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.

Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.

- Pauvre Lelian

lundi 30 novembre 2009

j'ai déjà lu ça :

"Au départ, ça se termine en cours."

dimanche 29 novembre 2009

juste

polytechnique, de denis villeneuve, est un film juste.

jeudi 26 novembre 2009

tableaux de classe

une étudiante avait la larme à l'oeil, en classe. elle ne comprenait pas. cinquante longues minutes, toute seule. je sursautais chaque fois que des parcelles de concepts s'entrechoquaient dans sa tête - impossible cacophonie intellectuelle. une fille de 14 ans, à delhi, centre-ville, c'était tout comme.

d'autres, à côté, derrière, se batifolaient allègrement dans le couplage de notions abstraites, inintelligibles au commun des mortels comme aux mortels moins communs. ces autres avaient même du temps pour téter les virgules, et puis ce sera tout beau à la remise. cette nuit, ils hiberneront bien, pour sûr.

heureusement, il y avait les bavards, les perdeux de temps, les tergiverseurs de textos et les buveurs de la veille qui sommeillaient comme vous pouvez sommeiller sur votre pupitre, mettons, un rappeur qui vous blastent le ipod. ces ados plein d'aménité qui nous offrent leurs épaules comme assise à notre mérite à nous, les cancres...

mardi 24 novembre 2009

dans le quotidien

- baptiste, ferme la fenêtre, s'il te plaît.

un temps.

- je n'y arrive pas, elle est bloquée, chérie.
- clique sur le "x", en haut à droite.
- ?

chaîne alimentaire

souris, tu m'inquiètes
chat, tu l'inquiètes
chinois, tu ne t'inquiètes de rien?

moi mes souliers

sur la garde du pont, du givre.
du givre aussi sous mes souliers
sur la garde du pont.

vendredi 6 novembre 2009

de bas en haut

mais regardez-moi ce clavier plein de boutons, de lettres noires et de chiffres à angles aigus - arsenal de "A", de "K", de "47" -, et ces doigts suintant de labeur, et cette prose qu'on bat comme un fer, pendant qu'elle est chaude, magmatique.

je monterais bien un arc-en-ciel, là, maintenant, avec toi sur mon dos, en chatouillant la plante de tes pieds avec une petite marguerite blanche, et sentir ton rire pétiller dans ma poitrine. Tiens, un haricot magique! Plantons, arrosons, voyons.

vendredi 30 octobre 2009

l'Art

l'halloween ou l'Art : celui de transformer une fête des morts en fête d'enfants.

jeudi 29 octobre 2009

musique de chambre

tu dis que, bien droit, devant toi, ma baguette de chef dirige tout ton corps orchestre.

comme j'aime ton langage imagé.

chat

un chat qui chasse
est moins joli
que l'entrechat
mais moins encore
que ton entrejambe étonnamment arythmique.

mardi 27 octobre 2009

avec les médicaments

embrasse-moi
tandis que volettent en moi toutes tes chimères criardes et drues.

(pépiements d'oiseaux en sourdine)

qu'entre lautréamont par cette oreille
et qu'il griffe tous mes cerveaux de sa soudeuse à l'arc noire;

(bruit d'une source d'eau, subtil)

qu'il tarisse son encrier de mercure en crachant sa prose,
lourde comme cent requins blancs;

(une voix alto fredonne une berceuse)

et que son piano tsunami,
déluge,
catastrophe surréalistement,

(rire d'une jeune femme, assez loin)

mautadite belle nuite.

(un marteau sur une enclume, un mal au poignet. l'idée c'est que ce soit vraiment ridicule.)

sans les médicaments

mautadit soleil à marde.

(ÇA c'est rédicul.)

mardi 20 octobre 2009

anecdote de picasso










un soldat fasciste entre dans son atelier. picasso éteint sa cigarette dans un cendrier cubique. l'intrus scrute les tableaux et, pointant "Guernica" avec sa baïonnette :
- c'est vous qui avez fait ça?
et l'illustre pablo :
- c'est vous qui avez fait ça.

jeudi 15 octobre 2009

l'amour au temps de la grippe A

- chérie, faisons l'amour comme si c'était la dernière fois!
- au diable le purell, alors?

les deux : ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii!

les deux encore : menoum, menoum, teuf, teuf, menoum, snif, teuf, menoum, atchoum, snif, slirp, teuf...

vendredi 2 octobre 2009

les idées croches

- ce doit être cette chute, à onze ans, qui a déformé ma colonne cervicale, les idées empilées toutes du même côté se sont développées tout croche; à moins que ce soient les vents d'ouest, qui, neuf ans durant, de chez moi à l'université, se heurtant au crâne, se sont fêlées et ont poussé tout croche; ou un lobe rationnel sous-développé qui en a atrophié quelques-unes qui ont poussé...
- tout croche, oui, continuez.
- ...
- ...
- j'ai un trou dans la tête. juste ici, regardez.
- je vois.
- peut-être que les idées, comme les plantes de maison qui, loin d'une source de lumière, sont attirées par elle - tête chercheuse de lumière! Ha! ha! - et, ainsi, ont leurs tiges tortueuses, et donc, grandissent tout cro...
- ou est-ce le célibat?
- ha!, elle est bonne!
- ...
- je disais...
- allez-vous-en!
- mais, docteur...
- je vous réfère à un herboriste. sortez.

mercredi 30 septembre 2009

rhume de cerveau

rhume de cerveau qui se liquéfie dans une flaque au pied de la chaise en face de mon radeau de travail.
cette flaque, je la soigne, artiste, afin qu'en elle je puisse puiser, patiemment, une mouche à moutarde au bout de la ligne, quelque poisson au goût de gin chaud citron miel...

une infirmière, siouplait! câlice!

jeudi 24 septembre 2009

Dans une chaîne privée

- Gilles est sur les lieux. Gilles?

- Effectivement, Bernard. Hier, je lisais Les Lettres persanes, de Montesquieu. Dans un chapitre, Rica s'indignait auprès de son propriétaire corporel de la constante présence de l'eunuque de service, toujours sur ses talons-haut, écrivait-elle à peu près de même.

- Quelle culture!, Gilles.

- Tout à fait ce matin, sur la route du Parc national Forillon, dans l'aire protégée de Penouille-au-pesto, un renard, sur la voie de gauche, avait la queue décapitée. Celle-ci gisait, comme lui, morte et inconsciente, à quelques verges seulement de l'individu d'un roux fuselé. La tête, elle, reposait, béate, coite, moite, sur la ligne jaunie de la vieille route 132. Dans les yeux de l'individu est probablement encore imprimé le numéro de la plaque ou de la gingivite de la voiture du conductif fauteur. L'enquête se poursuit en ce sujet, Bernard.

- Une histoire sans queue ni tête, Gilles.

- Ha! ha!, Bernard.

mercredi 23 septembre 2009

joie!

haut-le-coeur;
il est haut le coeur!

haut les mains;
elles sont hautes les mains!

aujourd'hui;
nous sommes aujourd'hui.

lundi 21 septembre 2009

une nouvelle vie

Elle n'était pas en classe aujourd'hui. Il y avait un mégot dans son verre tiède. Il y avait aussi de ses amis, inertes, près du repose-pieds, sous la table, de travers sur le futon, enroulés autour du chat, dans la baignoire de son 3½ blanc longtemps.

Un mois qu'elle a quitté le nid familial pour les cavernes, froides de néon, de moustaches molles, de GHB pâteux, de glossy pètant, de line up de désinstutionnalisés et de "chick-a-boum" à 1000 db. Un mois hier.

D'ailleurs, elle se rappelle à peine de la veille, de ses beaux cheveux noirs et rouges qui, reflétés dans la céramique couleur coke longtemps des WC de la caverne, font un va-et-vient impossible à la ceinture d'un gaillard rasé de près. Et les cells qui s'activaient autour, tout sourires.

Oubliera bien qui oubliera le dernier.

vendredi 18 septembre 2009

confidence

en regardant, du dessus nous,
nos nez figurent assez bien
un voilier d'oies sauvages
qui partent, on dirait.

en regardant, de sous couvertures,
nos bouches ressemblent à s'y méprendre
à des roches rosies
sous lesquelles, d'ailleurs, des anguilles s'ébattent.

en regardant, en dedans nous,
nos noyaux en fusion semblent un gros coeur :
et ce coeur, le mien,
pompe pour toi;
et ce coeur, le tien,
pompe pour je ne sais qui.

mardi 15 septembre 2009

al son de mi corazon

je gagne la foule, qui me repousse derrière.

mais je te distingue quand même, là-bas, sur scène, un parfum espagnol sur deux pattes qui me pique les yeux, qui rougissent et qui finissent par pleurer.

* * *

et j'imagine tes talons qui claqueront back stage comme dans mon coeur vide

que je distingue, quand même!

mercredi 22 juillet 2009

lapetoppe niveau

Comme la pile de mon lapetoppe, la mienne meurt.

Un voyant lumineux est activé, ici, sous mes sourcils. Les doigts pèsent, les poignets s'empâtent, les bras ne se peuvent plus.

Substrat de métonymie amorphe je suis.

pour la millième fois

Non, je ne l'ai pas lu Millénium.
Et non, je ne le lirai pas.
L'auteur n'est pas mort; voilà pourquoi.

samedi 20 juin 2009

un nouveau message. on veut bien. mais quoi? forcer l'écriture? et encore tergiverser beaucoup d'encre un peu partout comme pour?

mieux vaut, souvent, ne rien dire, pour pouvoir changer de sujet quelqu'un, et se donner l'impression de, au lieu que glande le lecteur intérieur, sur une mer futile, lui qui potentiellement s'ancrera à autre chose que des mots vagues, de l'embrun de rien dans le toupet, sur une métaphore filée sans voile et virgule surtout virgule de l'aspiration au désert pour briser la monotonie.

pouah!

lundi 1 juin 2009

un autre blues

Et je vais dormir en cuiller avec mon ordinateur portable.

après le jour "J"

- Sergent?
- Oui, soldat Francoeur.
- Nous sommes le premier juin, Sergent.
- Et alors? Dans un an, jour pour jour, nous y serons encore, soldat Francoeur.
- Oui, Sergent, mais...
- Mais?
- Pardonnez-moi Sergent, je suis déstabilisé par votre...
- ...
- ...
- Ma perspicacité?
- C'est ça, Sergent.

boire tes paroles

Tu m'embarrasses trop et m'éteins :
De tout et de rien, tu parles, tu parles.
Et après tu te plaindras que ton thé est froid...

* * *

Tourne donc ta langue cette fois.

mercredi 20 mai 2009

rêver pour l'hiver

L'hiver, nous irons dans un petit wagon rose
Avec des coussins bleus
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.

Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.

Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...

Et tu me diras : "Cherche!", en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...

A. Rimbaud, 7 octobre 1870.

samedi 16 mai 2009

autosuffisance idéelle

'coute ça :

Je suis dehors, je fume une cigarette et je pense à une chose qui, soudainement, engage et s’engage dans une mécanique ingénieusement conçue en, par et pour elle-même et qui, toujours en, par et pour, se huile adéquatement et,
et tout se meut dans une élégance, un charme, tout ce qu’il y a de plus admirable et,

et.

C’est alors que, maintenant et maintenant, je m'empresse d'étudier les engrenages, les pistons, l'hydrolique et tout et tout et je cours à ma chambre.
Le désordre dans l’escalier.
Je trébuche une fois ou deux puis,
je replace quelques choses,
des choses
éparses,
s’embourbent,
de plus
en plus abstraites,
sans
signifiance,
sans pertinence,
confuses,
un calepin,
je mets sur papier ces choses,
de tout à l’heure,
quand j’étais dehors,
en fumant, mais

en vain.

La pensée devrait toujours se suffire en par et pour elle-même, sans qu’on ait à l’écrire.

Cossé t'en penses?

mercredi 13 mai 2009

à lire

Le Hussard sur le toit, J. Giono;
Le juge et son bourreau, F. Dürrenmatt;
Voyage en Inde avec un grand détour, L. Gauthier;
L'élégance du hérisson, M. Berbery;
Les bouts de bois de Dieu, O. Sembène
Les sous-titres d'un film allemand;
Les lignes de ma main;
La recette du succès;
Bon c't'assez.

avant de mourir de la grippe A.

Avant de mourir de la grippe A, je m'engage à réaliser cinq choses. Il faudra...

Que j’appelle dans une ligne ouverte pour finalement lire du Rimbaud;
Que je fasse la morale à un ado complètement gelé;
Que je me mouche dans le chemisier de ma directrice;
Que je m'épile un seul sourcil;
Que, pendant le shampooing, je flatte doucement le sein d’une coiffeuse dodue en la regardant dans les yeux.

Et je pourrai enfin, en toute quiétude, me couper les doigts de la main droite avec la tranche du département.

Remarque : Y a rien comme terminer sur une note positive.

mardi 12 mai 2009

observation futile

L'eau est lourde à 4°C. À cette température, il se produit un phénomène hydrologique appelé brassage des eaux. L'eau lourde du dessus redescend, remplace celle du dessous, qui remonte, et le tour est joué. Tout cela favorise l'équilibre écologique, celui d'un lac, par exemple.

Le cerveau humain est constitué à 84% d'eau.

Imaginez votre tête, préoccupée, à 4°C; le brassage des idées, celles du dessus qui redescendent et tout votre équilibre psychique troublé.

J'aimerais être un lac pour ne plus avoir à penser.

parole sensée

"Il vaut mieux qu'il pleuve aujourd'hui plutôt qu'un jour où il fait beau."
- Pierre Dac.

my neighbour

Ma voisine doit bien avoir la soixantaine avancée. Elle est grisonnante comme une mer de novembre. Tout à l’heure, elle portait un pantalon gris, un t-shirt rose et une paire de lunettes datant. Moi, sur mon balcon, je portais la cigarette à mes lèvres, machinalement. Comme une vieille Anglaise, elle n’a rien d’attirant. D'autant qu'elle loge avec son hommasse de sœur et sa mère. Des vieilles filles élevées carrées, en canton, mais respectueuses, du reste. À preuve, elles la couvrent d’attentions : elles la charroient, lui donnent la main pour éviter la chute l’hiver, transportent les patates, tondent le gazon anglais, sortent le petit chien qui barf pour rentrer, comme par respect pour la porte du propriétaire. Dociles animaux.

Tout à l’heure, ma voisine est sortie pour je ne sais quelle raison. Elle a déverrouillé une portière du vieil automobile datant, s'est penchée à l’intérieur, a fait quelque chose – j'ai détourné le regard à la vue de ses fesses que j’imaginais flasques et pointues à travers ses pantalons gris – puis elle a refermé la portière. J'ai porté machinalement ma cigarette à mes lèvres. Elle a ensuite jeté un long coup d’œil par la vitre côté conducteur, scrutant, une main sur le front comme pour briser un reflet incommodant, dodelinant la tête comme pour aucune idée, et répétant la séquence à la portière arrière. Elle s’est dit quelque chose en anglais et s’en est allée, démarche en canton, un brin claudiquant, les coudes un peu trop par l’arrière, les genoux un peu trop fléchis, les jambes un peu trop arquées.

Pourquoi ce geste devant les vitres de la voiture? Pourquoi cette série de gestes, en fait? Car ce n’est pas la première fois que je la vois faire ce qui devient, pour moi, un rituel étrange. Vérifie-t-elle si les portières sont bien verrouillées? Viendrait-elle de cacher quelque objet compromettant? Une icône d’or? La dent d’un christ? Une âme sage dans un flacon? Une corne d’un diable? Une hostie datant de Calvin? J’ai éteint ma cigarette, machinalement.

lundi 11 mai 2009

une joke kekun?

"Enweillé-moé une joke kekun sioupla. J'm'emmerde en esti là. Écrivez-la comme vous voulez, m'en sac'."

- Christian Mistral.

code 61

- Sergent?
- Oui, Officier Francoeur.
- Soixante-et-unième message sur mon blogue, Sergent!
- Rien à signaler, donc?
- ...
- ...
- Rien, Sergent.

à quand?

- À quand, Baptiste, les longs romans farcis de viande bio, d'ail des bois, de gorgonzola température-pièce et de concepts géniaux?
- ...
- À quand, Beau Brun, les essais sublimes, les contes Diderot et les nouvelles de la chaîne spécialisée qui feront vibrer toutes les coupoles du quartier infinimentalement?
- ...
- À quand, Seul Amour, les formes brèves grêlant dans les égoûts à ciel ouvert?
- Là.

les grandes choses

J'ai un ami qui s'apprête à faire une grande chose. Je l'en ai félicité. Il a été touché. Moi aussi. Donnant-donnant.

J'ai un frère qui s'apprête à faire une grande chose. Je l'en ai félicité. Il a été touché. Moi aussi. Donnant-donnant.

J'ai des parents qui s'apprêtent à faire de grandes choses. Je les en ai félicités. Ils ont été touchés. Moi aussi. Donnant-donnant.

Répétons. Répétons. On finira par y arriver.

dimanche 10 mai 2009

l'ambivalence

Devrait-on être ambivalent? Est-ce un mode de vie acceptable en cette société de pluie et de gouttières trouées?

À première vue, l’ambivalence ne garantit pas un mode de vie sain. Tout ambivalent qui se respecte sait que tourner comme un punching bag au bout de sa chaîne ne mène absolument nulle part, si ce n’est que, au bout du compte de dix, il finit par poser un regard critique dans les profondeurs insondables d’une chaudière de plastique, dans le coin bleu d’un gym, qui sent le cuir humide et le vomi pâlot.
* * *
L’impression de tournoyer – en soi plus qu’ailleurs – l’affecte émotionnellement et il en est conscient. Or, en bon ambivalent, il évitera. Il intellectualisera plutôt. Aussi révisera-t-il la sale situasse de fond en comble, questionnant tout d’abord et absurdement le fondement même de cette situasse et, ensuite, la légitimité de cette remise en question pour lui, hic et nunc, et ceatera. Il se tournera enfin vers une autre alternative (à titre comparatif seulement, se prévient-il) et, finfinalement, il optera pour LA réponse. Habituellement, il s'agit de la plus simple à remettre en questions (qui impliquent des réponses à choix multiples avec, en deuxième partie, des questions à développement. Juste assez mais pas trop quand même).
* * *
Le vrai ambivalent ne manque pas d’imagination, c'est connu. Un artiste, un sculpteur. Sachant que l’esprit d’initiative lui fait défaut, celui des autres, bien souvent, prévaut – du moins, en tant que le projet corresponde à ses valeurs. Dans ce cas, le créatif personnage s’exécute : il modèle, raboudine, patente, ramanche, bidouille le projet à coupler à ses propres ébauches – les siennes, ses petites, dans le tiroir du bas – et il finit par oublier, après cet épuisant travail synaptique, de qui il provenait, déjà, ce projet porteur. Un moyen ratoureux.
* * *
Il se conforte ainsi dans une position de bon second. Cette position, qui pour certains semble bien péjorative, lui l’assume. Du reste, elle seule lui permet d’avancer, picaro au pas plus ferme; de le doter, un temps, de la lourde épée du meneur – quand Quichotte hallucine, notamment. Certains le qualifieront injustement de force tranquille, lui qui, en réalité, demeure un compagnon bien paradoxal (sorte de GPS bon marché, de rouleau de duct tape, de bonne ficelle qui parle au « il »). Mais bon, on a droit à l’erreur.
* * *
Devrait-on être ambivalent, donc, en cette société de pluie et de gouttières trouées? Je répondrais comme vous lecteur : un peu oui et un peu non, juste assez mais pas trop.

dimanche 3 mai 2009

mes pauvres

Maman a la grippe. La pauvre.

Mon père subira une opération aux mains. Le pauvre.

Mon ami est dépassé par les événements. Le pauvre.

Mes voisins ont eu un accident de voiture. Les pauvres.

Mon équipe de hockey vient de se faire éliminer. La pauvre.

Mes Mexicains paniquent à cause de la grippe A. Les pauvres.

Mes abeilles tombent malades. Les pauvres.

Mon sol est contaminé au cuivre. Le pauvre.

Ma forêt perd de sa biodiversité. La pauvre.

Heureusement, mes pauvres restent toujours aussi pauvres.

vendredi 1 mai 2009

pluie jazzée

Voici ce qu'on écrit, quand on est seul, dans une roulotte de l'anse, un 13 juillet, et qu'il pleut.
* * *
J'ai des bananes encore vertes, trois bières frettes, du pain, une quiche au légume, des céréales et du lait, du jus de pomme et de la bouffe sèche pour un bout. Du cannage aussi. Un peu de sûreté.
* * *
Il vente. Chaque bonne bourrasque fait brasser ma roulotte. À croire qu'il y a de l'action, ici, dans mon décor carreauté.
* * *
Il pleut. Chaque goutte chante. À croire qu'il y a de la musique, ici, dans mon décor 87 ambulant.
* * *
J'ai ma petite guitare ténor, ma voix et la pluie. On pourrait jouer ensemble?
...
Je vais lire. La pluie improvise trop bien pour moi. Je ne suis pas de calibre. Question de respect!
* * *
Et, juste en bas de la feuille, il y a le dessin d'une roulotte, sous la pluie, avec des notes de musique et d'immenses fleurs, comme dans une tête d'enfant.

mercredi 22 avril 2009

"i'll give you more gold than your apron can hold"

Doc Watson, originaire de la Caroline du Nord, fils de charbonnier, traditionnaliste, donc visionnaire, chantait "Alberta". C'est une complainte où un minier s'adresse - parfois indirectement, ce qui m'apparaît encore plus douloureux, encore plus juste - à sa mie.

Le sentiment d'être enterré vivant. Ce doit être cela.

Alberta

Alberta let your hair hang low

I saw her first on an april morn'
As she walked through the mist in a field of hay
Her hair lit the world with its golden glow
And the smile on her face burned my heart away

Alberta let your hair hang low
Alberta let your hair hang low
I'll give you more gold than your apron can hold
If you'll only let your hair hang low

I thought my golden time would last
But the field of hay was soon cut down
In a short few weeks it all was past
And my golden girl just a painful song

Alberta what's on your mind
Alberta what's on your mind
My heart is so sad 'cause you treat me so bad

Alberta what's on your mind
Alberta let your hair hang low.

lundi 20 avril 2009

projet livresque

Faudra lire Borges au lieu de Heidegger. Le nom est plus facile à prononcer.

dimanche 19 avril 2009

regrets sur écran plasma

Bonne fête en retard popa.

J't'aime popa.

mercredi 15 avril 2009

suivre le courant

Moi et mes élèves suivons le courant.
Rien de proactif, nous les apprenons ces courants littéraires,
c'est tout.
Comme soumis aux diquetas de l'intelligentsia
des estudieux de lestres de France
et pis eurk.
Faut dire qu'il faut faire nos armes itou,
qui faut répondre aux attentes du programme collégial,
pis qui fo pa bouger les cases
en cette période d'instabilité institutionnelle
hi ki fo don pa.

Jusqu'à maintenant,
nous sommes passés à travers le postmodernisme,
analepse vers le symbolizme,
nous avons steppé le surréalissime
et nous nous dirigeable vers le torvistentialisse
pis l'abseurk
et pis eurk.

Maudit courant.
Maudit mal de mer de migraine dans l'estomah que j'écris mal,
câlice.

dimanche 12 avril 2009

lapsus

Le nouveau ministre provincial de l'Économie ignore tout de l'affaire qui a fait déloger l'ancienne ministre de l'Économie provinciale. « J'étais sur Google Earth! », a-t-il déclaré à Michel, un journaliste pigiste d'un quotidien de droite subventionné de la capitale.
Visiblement mal à l'aise lors de sa première entrevue en tant que provincial ministre de l'Économie, il a commis ce lapsus, rapporté par Paul, un autre journaliste pigiste d'un quotidien gauchiste non-subventionné - de la métropole cette fois :
« D'autant plus que, comme le dit mon premier ministre : "On étouffe (sic) dans le même bateau [!]" »
Le lendemain, le subventionné journal gauchiste quotidien métropolitain s'excuse dans un gros, gras, capital et très italique ERRATUM. Sur le frontispice : « On a mal cité le sinistre provincial économe ». On spécifie plus bas que Paul, le gauche journaliste pigiste non-subventionné au quotidien, était en « pleine crise de cérumen » lorsqu'il a rapporté ses propos; qu'il avait « des coquilles sur les ouïes, parlai[t] au cellulaire, la tête dans le cul, le cul à Cancun, une sarracénie dans les bobettes depuis le premier avril ». Et l'article se termine sur des révélations touchantes : Paul, le journaliste pigiste etc., est « névrosé, alcoolique, suicidaire, pédophile et chauve [et il] promet [...] de démissionner ».
Demain, tout ira mieux. Je nous l'assure.

vendredi 10 avril 2009

projet de vie intellectuelle

Une fois que vous avez lu et compris Sein und Zeit, de Heidegger, on dit que toute œuvre fréquentée à sa suite devient entendue. Automatiquement, facilement.

On dit aussi que c’est le livre de l’humanité.

Pour qui il se prend ce On?

le vrai bonheur

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sainement absurde

Mise en contexte : Jean-François Breau (c'est un nom de code) m'a demandé de lui faire parvenir une chanson par Internet. Il était désespéré et je l'ai aidé. Voici comment.
Monsieur Breau,
c'est dans les moments difficiles qu'il faut recourir aux fibres, aux prébiotiques ou, comme dirait l'autre, à moi.
Mon nom de code : Roger Frappier.
Mon vrai nom : Roger Frappier.
Utiliser son vrai nom pour un nom de code peut vous paraître stupide. Or, rappelez-vous ce proverbe inuit : "Kunuktuq tit mouq caliq de tabanouq" ("On ne trouvera jamais l'éperlan dans le banc de ménés.").
Mais, mon intention n'est pas de vous en boucher un coin. Non. Je me propose humblement de vous aider dans votre noble quête artistique. Mais, d'abord et avant tout, permettez-moi de faire une manière de guise d'introduction du départ.
J'aurais bien aimé vous faire parvenir mes chansons farcesques par la voie des airs, cependant il ne restait aucune place sur aucun vol en classe économique. Aussi vous informé-je que mes folleries musicales abhorrent le champagne et les canapés des premières classes d'inox. Elles se batifollent allègrement dans la grosse milwakee best et les chips all dressed, produits que nos compagnies aériennes dénigrent, à mon grand dam.
Vous les transmettre par voie cybernétique s'avère malheureusement une alternative à rejeter, toujours selon mon grand dam. En fait, les logiciels d'enregistrement m'ayant récemment fait spinner le cerveau comme un tourbillon toilettaire, je n'oserais m'y aventurer une fois de plus. La conversion du .wav au MP3 est un monde aussi inconnu pour moi que le sol martien l'est pour vous, pour faire une image extra-géologique.
Cependant, toutefois, en effectivement, sachez que tous les saints sont de votre côté et vous supportent dans votre quête majestueuse d'inspiration. Je pense notamment à Saint-Tropez et sa cohorte de Saints (que je saurais voir); je pense également à Saint-Crème, dont la moyenne au Cégep frôlait les 35% (d'où son nom d'ailleurs), et à Saint-Siméon, l'illustre bâtisseur de traversiers.
Par ailleurs et pour terminer au niveau du fin-finalement, rappelez-vous le Christ Bouddha qui, à l'aide de sa barbe de 40 ans et de gris-gris bons marchés, a splitté la mer rouge en deux. Souvenez-vous qu'il a pogné de la morue, du flétan et autres mammifères à plumes pour les garrocher aux quatre coins du globe. Puisse cette divinité être pour vous une étoile polaire dans un ciel sans lune, un phare gigantesque près d'une mer de kool-aid, un kiosque d'information touristique dans une trompe de Fallope, une anguille dans une crotte de Rouyn. Autrement dit, tout est possible et rien n'est impossible. Au contraire, tout est possible.
Or donc, sur le plan du parfaitement ainsi soit-il, je vous dis, en mon pronom personnel : Bonne chance.
Mais, surtout : Bonne chance.
Roger Frappier (Président de l'Union des Absurdistes Anonymaliers)
P.S. : Salutations à Marie-Ève Janvier.

vendredi 3 avril 2009

exercice imposé

Rappelez-vous du mot qui a fait en sorte que vous en êtes venu au monde palpitant du langage. Écrivez une page.

À vrai dire, ce type d’exercice me tente peu. Il m’oblige à retourner dans mon enfance et, de facto, à teinter ce texte d’une nostalgie pastelle-cucue qui me rebute un peu. Puisqu’il le faut, je parlerai, en une page, de Ratamiel et Rigobert, deux personnages d’une composition de français que j’avais écrite en troisième année du primaire, dans la classe de Louise. Ratamiel et Rigobert – ce devait être la plate projection de moi, 9 ans, et d'Évariste, mon frère aîné – Ratamiel et Rigobert, disais-je, avaient planté un haricot magique qui, une fois arrosé avec l’eau-de-vie – je ne devais pas savoir ce qu’était l’eau-de-vie à l’époque – l’eau-de-vie, redisais-je, avait fait pousser une gigantesque plante qui les menait au-delà des nuages, dans un monde onirique, coloré, esthétique et syntaxiquement ampoulé. Ils y ont gambadé un moment et, si je me souviens bien, je ne me rappelle plus de ce qui s’est passé par la suite (Copier/coller de Jacques et le haricot magique. Plagiat ou ignorance?).
J’ai eu un A.
Il y avait un crocodile gentil, il me semble, qui courait avec eux sur les nuages.



À dire vrai, j’aurais préféré être avec mes hommes des tavernes aujourd’hui. Avec mes buveurs bavards. Je les écouterais parler futile. Discourir entre autres sur le Venmar qui, finalement, « sert pas à grand-chose »; sur le réchauffement pathétique; sur la blonde de la chaîne météo « qui fait monter mon thermomètre! » (Rires gras en didascalie); sur le prix de la crevette, de la morue, de la sirène (!); sur l’accident du p’tit Côté dans le ch’min d’la Mine (« Perte totale ».); sur l’implication de l’ACDI dans l’Égypte musulmane (On a le droit de rêver.). Je me serais coulé une macro-brassée – genre Black Label – dans le gorgoton, puis une autre (« Une Black attend pas l’aut’ »), les ouïes grand' ouvertes.

Mais non.

Ratamiel et Rigobert et un crocodile gentil, que je me dis – sur un ton blasé, désolé – et ils couraient sur les nuages par-dessus le marché, les oiseaux et les avions (Une page ridicule ce sera.). Deux enfants munis d’un petit haricot et d’une grande naïveté qui grimpent sur une tige géante – symbolique phallique, complexe de supériorité masculine peut-être – pour passer à travers les nuages – on perce l’hymen? – et qui gambade au côté d’un crocodile sympathique – ???



Je devrais écrire ma page à double interligne. Je gagnerais sans doute du temps. Quoique j’aurais dû commencer avant. « Imbécile », que je me dis sur un ton quasi atonique, mi-sarcastique, sans impact véritable sur ma presque apathie. J’ai tout de même bien fait, quand j’y pense. Elles coûtent cher les feuilles blanches. Sans parler de la forêt, toujours en peine (sic) surexploitatatation (siiic) pour de vulgaires pages. Et je n’ai pas non plus évoqué les produits chimiques – « les produits chimériques », dirait Sol – rejetés par les usines de pâtes et papiers dans notre beau Saint-Laurent.

Mais bon, une page c'est une page.

une notation naturaliste

Pour fumer, prenez une plume et une feuille. Écrivez abusivement. Si vous n’en tirez rien, allongez les bras, saisissez deux fronts et frottez-les l’un contre l’autre. Un éclair devrait poindre, ensuite du feu, enfin de la fumée.

une phrase ludique

Comme Milque a donné son laim tôt, il faudra certes que, au sud d’Ohquin, l’on sélidre l’ilôdrue de gineuse et de blanc – question qu’elle coule!

strophe surréaliste

[…] le mieux serait de confectionner une cage hilurique d’environ 28 par 60 Mp » (voir illustration pp. 29, 30). Ainsi, selon Rovellini, les dycodons jarolleraient d’eux-mêmes hors de la zone tampon.

B. La zone ligo-dycodinale : des savants s’obstinent.

La fillanation dycodonale s’apparente à la description qu’a faite Loupiniev du système de Némur (voir annexe B). Or, même si ce système a pour effet de stimuler la jarollisation – au sens strictement Rovellinien – Loupiniev fait abstraction des ajouts de Némur (mibrane, cambrane, dicobrane, par exemple) dans la zone ligo-dycodonale. En se concentrant sur les br […]


Remarque : Extrait du travail final d’un étudiante de bio, trouvé dans un bac à recyclage.

mardi 31 mars 2009

présentement en train de fulminer une cigarette

(texte en chantier

poème d'isolation

À déclamer sur un fond de violons bleus.

Ah! comme la pluie a donc plu;
Mon vieux prélor est torrentiel.
Ah! comme la pluie donc a plu;
Quand viendra mon propriétaire,
Lui crisserai la face à terre.

chanson morbide

C’est samedi,
Fin de la semaine, rengaine.
Demain dimanche,
Début de la semaine, rengaine.

Y aura un feu
De joie, de rien;
Y aura un feu
Que d’artifices!

C’est samedi,
Fin de la semaine rengaine.
Dimanche demain,
Début de la semaine rengaine.

Y aura musique
De fête, de rien;
Y aura musique
À Haute-Rive.

C’est samedi,
Fin de la semaine rengaine.
Demain dimanche,
Début de la semaine rengaine.

Commande de larmes
De joie, de rien;
Commande de larmes
À servir chaudes.

C’est samedi,
Fin de la semaine rengaine.
Demain dimanche
Et on s’abat.

dyptique 2

Je fais tout ça en douce. Et je sens qu’elle aussi. On complote contre nous, j’adore. On est là, la main dans le sac; elle, me brigande, pendant que moi, lui sonne l’alarme. On est dans de beaux draps.

« Bon tabac de condamné, va! Saliveuse de bourreaux, reste! Avec ton cou pâle et ton dos de lin, tu m'oublies le champ derrière le soupirail ». Et les barreaux en chocolat lui fondent dans les mains.

dyptique 1

La fenêtre grande ouverte lorgne nos pelisses pareilles à des offrandes séculaires – deux tapis de soi suant, c'est tout comme. Un dieu quelconque tamise le soleil. Elle, lui fait un clin d’œil complice; moi, lui dis merci de l’attention, vieux.

« Regarde-toi, chorale puissante et juste, mais regarde-toi donc, chair de poule des bruines d’été! Qu’est-ce que j’ai fait pour avoir ton lobe sous ma canine? Explique, disserte, défends, roule, caresse, pousse l’audace. Vulnérabilisatrice, va! »

dimanche 22 mars 2009

on ne peut pas plaire à tout le monde.

on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. on ne peut pas plaire à tout le monde. etc.

jeudi 19 mars 2009

devinettes

Savez-vous comment on appelle ça un alzheimer qui fait des devinettes?
- Ne faites pas de discrimination. Un alzheimer est une personne comme tout le monde.

Quel est le comble d'une maison?
- Le grenier.

Savez-vous pourquoi les chiens ne donnent jamais leur langue au chat?
- Parce qu'on n'a pas encore développé cette habitude.

Savez-vous quelle est la différence entre un ours noir et un juke-box?
- En tout cas, les deux ne prennent pas la carte.

Savez-vous pourquoi les tourtes des îles Mingan piaillaient au crépuscule?
- À cause de Darwin.

Rentrez-vous un suppositoire dans l'anus, puis essayez avec une patate jaune. Que remarquez-vous?
- Ne faites surtout pas ça.

L'Américain moyen mange un hamburger par mois...
- Je vous arrête tout de suite; l'Américain moyen n'existe pas.

Mon premier est vieux. Mon second est mou. Mon troisième est ton. Mon tout est poilu. Qui suis-je?
- Un vieux mouton poilu.

Qu'est-ce que la plupart des Gaspésiens, pêcheurs de morue de génération en génération, mangent au jour du poisson d'avril?
- Je voulais seulement vous faire dire "poisson".
Combien faut-il de Newfies pour visser une enveloppe?
- Trois, habituellement. Quatre avec l'ingénieur. D'ailleurs, ils se demandent encore comment procéder au moment où on se parle.

Pour de l'argent liquide, il faut un portefeuille étanche. Pour de l'argent sonnant il faut un portefeuille... ?
- Un portefeuille, c'est tout. La première phrase était une blague.

mardi 17 mars 2009

procrastination

Mon problème avec la procrastination c'est culpabilité qui s’ensuit. Mais bon, je culpabiliserai plus tard.

dimanche 15 mars 2009

pour justifier le titre de ce blogue

Il serait important d'affirmer que Baudelaire, en créant des rapprochements sensoriels inusités (les correspondances), ne croyait pas pouvoir atteindre un idéal. Il avait lu Platon et il était conscient que transgresser son allégorie caverneuse lui était intellectuellement impossible - je le sais, il m'en a parlé, en rêve, la nuit dernière. Parlant tout bas, très envers lui, il s'est convaincu que ces juxtapositions des sens créeraient un effet synergétique qui lui permettrait de sentir enfin son corps, son pauvre corps de dandy perdu quelque part entre Aupick, la mulâtre, Poléon le petit, Constantin Guys, un dix-neuvième siècle pas mal torvisse. Sa réflexion faite, je l'ai regardé s'éloigner, renfrogné, cogitant probablement à quelque lugubre esthétique. Cré' Charlot.
À un jet de pierre, je ne pouvais pas ne pas lui exposer le fin fond de ma pensée - après tout, il était là, lui, le maudit des maudits, aussi bien l'achever, comme il le souhaite. Donc : "Aussi, l'idéal, Monsieur De l'air, n'est-il pas ce à quoi vous aspirez dans vos fleurs malades; il n'est rien d'autre que la fin poétisée d'une pensée ingénue. Et vlan! ai-je cru. Il a tourné la tête et a daigné froncer les sourcils, comme avec Carjat, des ninjas dans les yeux.

"Et les paradis artificiels, mec?", poussais-je la loque. Alors, il s'est approché de moi, qui l'attendais dans des semelles de béton. Nez à nez presque, il m'a souri - on eut cru Bouddha. Puis, le regard bon, il m'a glissé à l'oreille : "Pour celui qui croit que les paradis artificiels sont le highway to ideal land - anglophile, va! - il se goure; haschiche, opium et absinthe ouvrent plutôt les volets sur un ego vulnérable et, par extension, ils constituent autant d'aveux implicites de ma faiblesse d'artiste".

Puis s'en est allé, satisfait.

J'étais vaincu.

vendredi 13 mars 2009

la philozophie

- La vie n’est pas vraie. La vérité est au-delà. Tout ce que l’on perçoit ici-bas est factice. Il n’y a que l’idée qui soit.
- Donc, Platon n’a rien inventé.
- !?!
- Regarde! un nuage en forme de loupe!

mardi 10 mars 2009

22h22

Quelqu’un pense à moi.

blancheté

Une nouvelle chambre. On l’a fraîchement peinte en blanc. Du plafond au tapis. Un être serviable s’est donné la peine de peindre le sol en blanc aussi. Les quatre murs aussi. En blanc. Et la porte aussi. Et celle de la garde-robe, comme le revers d'une page. Et mes yeux, et mes cheveux, sur lesquels dégouline encore l’odeur chimique du latex blanc. Tout est blanc. Néon quinze mille watts. Comme si on avait le dessein de m’aveugler. Comme si on avait l’intention de me vieillir, à un rythme qui dépasse n’importe quel entendement.

C’est un rapport de cause à effet, m’a-t-on dit; c’est simple : « On t’agresse : tu vieillis ».

Pareillement, mes os sont blancs. Mes os, cartilage, ongles et muscles. Je dis « mes muscles »... En fait, c’est que le calcium a remplacé mes muscles, m’a-t-on dit : « C’est simple : tu es immobile. Et on fait en sorte que tu le demeures ».

Alors, je ne bouge plus, rhétoriquement. « Immobilisme », « stagnation » sont les mots d’ordre que je ne peux même pas prononcer. « Ironiquement » non plus.

Ainsi, seul, sur un lit de marbre blanc, une pierre tombée, inerte, seul – l’ai-je dit? –, linceul, pourrait-on dire, je n’ai rien d’autre à faire que de me réciter des poèmes du genre :

Calcium sur marbre
Le temps est dur
(Comme nous)
Et blanc
(Comme nous!)
Et on ne me fait voir
Que le plafond
Blanc-seul
Et cette chute
Pourpre
Comme la robe d’Amélie
[1].

« C’est beau, non? », m’a-t-on dit.

[1] Une muse que le lecteur prendra plaisir à imaginer

au choix

Je les casse et on empale plus?
Je les détritus au compostelle?
Je les sectionne, les re-sectionne et les dissectionne?
Je les rase, les ouvre et les vide de leurs boyaux?
Je les gigot d’agneau à la tronçonneuse batteuse?
Je les entaille et les vide de leur sève?
Je les bats et point de suture?
Je les arrache jusqu’au métaphysique?

ô ordi…

- Ô grand Ordi! Ô illustre Maître-éponge de mes mots, de mes humeurs, de mes questionnements, de mon avenir sur cette terre (où je gis gelé), Ô grand Toi, que vais-je faire?
- Je l’sais-tu moé.

la confiance

Aurait fallu plus d’articulation. Pourtant, avec mes deux genoux et mes deux coudes.
Aurait fallu plus de suite dans les idées. Et ainsi de suite.
Aurait fallu plus d’expérience. Avec un « s ».
Fallu plus de jugement. Je devrais en parler à un avocat.
Fallu plus de parfum. Pfff…
Fallu plus de maintien, de pose, de dos drette. Et une chaise confortable.

Plus de toute,

Moins de moi :

Moi éteint,
Moi pas sûr,
Moi pas de répartie,
Moi qui; mal! Très,, réponds,
Moi aussi préparé qu’une poche de riz,
Moi qui marmonne comme un mormon morne,
Moi nerveux comme une musaraigne pas de trou,
Moi bête comme un millepattes bête comme mes pieds.
Moi lourd comme un club-poutine extra bacon 'ec ben d’la mayo.
Est-ce que je peux t'écrire?

Je suis seul.
L’ai transpercé sur du papier tout à l’heure :
Grosse écriture foncée
(Celle d’un dimanche sale,
Genre : « Je suis seul », mais en plus gros encore).

J’ai osé, moi, qui jamais rien,
Qui m’étends indolent sur un chemin de rien faire
Devant des vaches livides,
Qui à l’ouvrage vais zombie,
Qui dans la musique me noie
Goutte après note,
Qui te défroisse des tristesses séchées
(Osé t’écrire « Je suis seul »)

J’ai hâte que ça finisse cette vie-là,
Ce mode de vie-là,
Cette période de ma vie-là
Pendant toute laquelle aurait fallu que que.
Diégèse en l’air
Fournie en beaux mots.
Bibliothèque de tangibles riens.

Faut qu’on respire
Une bonbonne fois pour toute.
Même si c’est pas nous qui nous aimons.
Même si c'est d'autres à travers nous qu'on aime, dans le fond
(Des blonds, des blondes; des roux, des rousses; des noires...)
S’en fout!
Pourvu qu'on respire.

Mesdames, pour mettre du piquant dans votre vie, faites l’amour avec un piment. Et vous messieurs, tapez-vous un porc-épic.

Je vais suivre ce conseil. De cette façon, il y aurait peut-être enfin un peu d’action dans ma vie. À moins que je terrorise à turban. Ou que je me tatoue les marques du christ dans les paumes, une lance en bonbon dans le côté. Ou que je passe l’halloween demain, sans déguisement, avec une valise pleine de brochures sur l’algèbre. Que j’écrive que je m’aime, sur mon front. Que je calfeutre le trou du rocher percé. Que j'épouse une grand-maman pour sa vaisselle en carton. Que je braque un fou. Que je me fous d’un braque. Que je sois le premier venu, avant même la fellation. Que j’échange mon auto contre une paire de pantoufles et que j’exige une garantie bidon sur une seule pantoufle.

Je m’emmerde.

Country road, take me home.

lundi 9 mars 2009

épicerie

- Ah ben, 'ment c'qui va?
- Pas pire, pas pire.
- Bon!
- ...
- Bon ben, j'pense ben que j’ai tout moi là : mes p’tits pepsi, mes chopes de porc, mes chips, mes bessuits... sa luzarne, ses épinards, son cucuma bio pis son lait de soya.
- Ben moi aussi cout'donc : ses tomates en dés, ses carottes, son céleri, ses oignons, son vermicelle, pis ma base de poulet.
- Ouain, a t'a dompté ta cuisinière, mon Jean-Paul... ta base de poulet...
- Ouan, j’manque la première période chaque fois qu'on fait une soupe. C’est long enlever les p’tits grumeaux jaunes dans l'bouillon. Mais j'suis patient.
- Mais, ils font d’la base de poulet liquide astheure.
-T'es-tu sérieux?
- Troisième rangée.
- Ah ben viarge!

samedi 7 mars 2009

entretien d'embauche

- Bien, Monsieur Francoeur. Maintenant, pourquoi un homme comme vous choisit-il la boulangerie?
- Pour gagner son pain, tasser ses miettes et garder la fibre!!!
- ...
- ...
- Vous avez déjà pensé au suicide?
- Non.
- Dommage.

accommodement raisonnable

- Quelle est la date d'aujou'd'hui, missié, siouplé?
- Nous sommes le 7 mars. Je dis "nous"... En fait, je parle pour moi... Comprenez-moi bien... Je... Je ne vous impose rien... Si vous voulez être le 6 ou le 8 mars, je n'y vois pas d'inconvénients... D'autant que vous êtes ici chez vous et je... Nous... Vous...
- ?!?

sont prévoyants

ils ont jeté des carrés de gazon
juste devant, sur mon terrain,
comme autant de fire blankets
sur notre Québec à faire.

perfectionnisme

- Baptiste, tu me prêtes ton dictionnaire?
- Bien sûr, chérie. Je vérifie d’abord si tout y est, si tu permets.
- Bon. Une fellation pour patienter?
- Attends, je vais vérifier le Littrée aussi.

jeudi 5 mars 2009

didactique humoristique

Et si je lui avais dit :

« Supposons l’existence d’une sphère opaque à la surface de laquelle apparaissent des fissures, craquelures ou anfractuosités. Cette sphère est d’un bleu de mer (comme tes bleus de mer de yeux). Supposons encore une fois que lorsque certaines personnes s’en approchent, ses fissures, craquelures ou anfractuosités s’entrouvrent pour libérer d’étroits, intenses et éphémères faisceaux lumineux. Eh bien, cette sphère serait l’humour; sa surface, la mélancolie et l’intérieur lumineux serait la gaieté ou la joie de vivre (la tienne, la mienne).
« Où se trouve cette sphère maintenant? Aucune idée. Pour les intellectualistes qui adhèreraient à cette allégorie bancale, elle se trouverait dans la tête. Les affectivistes, eux, la verraient dans le cœur. Pour ma part, je la verrais dans la tête, côté cœur, et même un peu au-dessus. Mais pas trop (Je peux replacer cette mèche rebelle?).
« Quant à sa dimension, son volume, sa masse et sa masse volumique, je ne les connais pas. De toute façon, rien n’est parfaitement mesurable. Disons que les dimensions de la sphère varient d’une personne à l’autre, d’une culture à l’autre, d’incontinent à l’autre (Tu ris? T’es belle.). En Angleterre, terre natale de l’humour – comme partout ailleurs dans le monde (Encore!) –, l’intensité lumineuse est proportionnelle à l’épaisseur de la couche mélancolique. En Angleterre toutefois, toujours terre natale de l’humour, la très forte intensité lumineuse est proportionnelle à la très grande épaisseur de la couche très mélancolique. Ainsi, lorsque les faisceaux émergent, ils sont d’autant plus remarquables, puisque inespérés et inattendus (Je t’aime, je crois.). Je soulignerais, pour terminer cette digression inutile, que l’intensité plus ou moins « lumineuse » des faisceaux indique le plus ou moins sens de l’humour ».

Et je terminerais ainsi :

« Les humoristes ne sont pas foncièrement mélancoliques. Ils feignent de l’être (Comme je feins de ne pas t’aimer). Et si un théoricien de l’humour t’apostrophe en te disant que « l’humour est une sorte de gaieté qui émerge d’un fond de mélancolie », ne soit pas choquée. Dis-lui calmement que la mélancolie est le déguisement nécessaire de l’humoriste et que la gaieté est naturelle, fondamentale chez lui. C’est à la fois drôle et émouvant de voir un théoricien de l’humour s’en aller en grommelant. (Viens, je t’invite.) »

Remarque : Si. Ou une libération au conditionnel.

inutilitécriture


Il faut continuer d’écrire. Pire : Il faut que ça devienne une habitude, l’écriture. Ma grand-mère – Dieu n’aie pas tout de suite son âme – me disait qu’il faut trois semaines pour qu’une habitude s’acquiert. Trois semaines. C’est beaucoup de temps. Or, comme je suis une personne qui comprend assez rapidement, je pense qu’une période d’une semaine suffirait largement. Une semaine. Ou sept jours. Ou sept fois vingt-quatre heures dont quatorze ou quinze sont ouvrables – parce que je dors la nuit. Là-dessus, j’ôte trois heures pour la nourriture, une heure pour l’hygiène corporelle et trois autres pour les loisirs musicaux, télévisuels et sportifs (!). Il me reste environ sept heures pour écrire. Si j’enlève une heure de pause réglementaire (tel que recommandée par la loi sur les normes du travail) j’ai six heures pour écrire. Puis, comme je suis humain, il y a de fortes chances que je m’adonne à un brin de paresse. Une autre heure de perdue. En reste cinq. Sur ces cinq, trois sont consacrées à la réflexion et la relecture et sur ces trois, la moitié est réservée au biffage, à l’hachurage, au reformulage, au dictionnairage, au grammairage, au citationnage, au supprimage, et ceaterage. Donc, si je fais un calcul, j’écris en moyenne une heure trente par jour.
Je passe plus d’une heure à pitonner sur une plaque de plastique boutonnée – tout ce qu’il y a de plus impersonnel, de plus rigide, de plus absurde –; plus d’une heure devant un gros écran plasma, effervescent, sillant dans les ouïes, rougissant les yeux, asséchant l’inspiration et l’imagination de ses hertz mal léchés (!); plus d’une heure à être passivement assis derrière un carré derrière un mur blanc derrière le dehors alors que je pourrais y être, justement, dehors, à trapper le renard, à pêcher l’éperlan, à débrancher l’arbre, à gratter, saler, poivrer mon entrée, à pelleter les nuages, à entraîner mon cœur, renforcir mes biceps, quadriceps, deltoïdes et trapèzes, à faire respirer ma santé, mais non; je suis là, à pitonner, à faire du phrasouillage de néophyte, du bourrage de ligne, de l’enflure syntaxique et vocabulairielle qui ne réussit même pas à entrer dans un mot-valise comme inutilitécriture.

Remarque : J’ai remarqué – d’où l’appellation remarque – que lorsque point – du verbe poindre – l’aube de la fin d’un texte – c’est-à-dire le crépuscule d’un texte – j’ai une fâcheuse tendance – problème de cooccurence ici, Baptiste, mauvais emploi ici, Baptiste – à répandre, au fil des lignes, des mots qui sont d’un superflus déconcertant – comme cette autre observation entre tirets – et ce, bien contre mon bon gré malgré moi. Que faire? Comment l’expliquer? Mais surtout – j’y reviens – que faire? Les questions se posent. Elles se posent comme cela, sur une feuille ou dans l’oreille d’un bien entendant ou, comme moi, là, présentement, elles se posent virtuellement, sur un écran cathodique blanc, effervescent, sillant dans les ouïes et rougissant les yeux. Les questions ne se posent pas : elles tombent. Et personne ne vient les ramasser.

vendredi 27 février 2009

...

A

T

T

E

N

T

E

L’attente est une maladie chronique et en mon cas désespérée.
L’attente est une maladie, chronique et, en mon cas, désespérée.
L’attente : une maladie chronique. Et mon cas en est désespéré.
La chronique est une maladie latente et désespérée en mon cas.
Mon cas est chronique : une maladie désespérée et latente.
Mon cas est désespéré, chronique et latent : une maladie.
Et en mon cas, la maladie est l’attente, désespérée, chronique.
Chronique, l’attente est une maladie désespérée. En mon cas.
Ma maladie est désespérante. Une chronique lattée, coma.

cyclothymie

Iz bac

Je suis de retour et, attention, je suis dans le sommet de ma forme. Je viens de me taper un irish cream cognac double, un screwdriver, une pinte houblonnée, un poing de pinottes de la distributrice. J’ai les quatre groupes alimentaires de mon bord. Yes sir! Laisse-moi me dire que ça va barder. J’oserais même dire : « Ça va bombarder ».
D’autant plus que c’est la rentrée de la serveuse – gilet moulant, fille voulante – et que j’ai la jambe alerte, la huppe, le brandi, la roideur du midi bref, j’ai l’esprit procréateur. Je m’avertis : les phrases couleront comme chute séminale dans caverne satinée dans un débit, un débit, un débit ordekontraule.

Remarque : « ordekontraule »… C’est ridicule.

Rends la gaine


Encore toujours le même problème - que je banalisais, autrefois, en le qualifiant de vulgaire pépin - : la création. Ou le problème de la verve. Ou bedon de l’inspiration.
Cette version améliorée ou édition augmentée ou, si j’aime mieux, ce « rechargement sémantique de ma conception du mot problème », il est bien plus sérieux que je crois que ça en a sans doute peut-être l'air d’avoir l’air.

Remarque : Veux-je vraiment en parler?

C’en est presque devenu une rengaine que d’utiliser à profit cette carence, cette lacune, cette anémie des mots, cette non-vie imaginative ou, si j’aime encore mieux, ce langage du .
Sorte de cliché suranné de l’écrivain qui écrit à propos de son manque de créativité. Cliché effiloché du poète en pleine dépossession de ses moyens. Cliché cliché de l’auteur s’autodérisionnant de son soi-même. Changeons de vie.

Ou bedon de paragraphe.

cloué le bec

Assis sur mon balcon, j’en ai vu un l’autre jour, un corbeau. Il était noir, comme je m’y attendais. Il s'était juché sur la haie de cèdre de mon voisin et donnait du bec à un endroit précis. Une pompe à pétrole plumée, manière de. Il a finalement extrait le fragment d’une pelure d’orange qu’une étudiante de sciences politiques avait innocemment balancé. Le morceau dans le bec, prêt à décoller, je lui ai crié : « Lâche ça, corbeau, c’est à ma femme ». Interloqué, il a tenté de me dévisager un temps, puis a laissé échapper un « Quoi? » qui se voulait pompeux. « Ça t’apprendra à parler la bouche pleine », lui ai-je répondu quand il l’a perdu dans la haie dense. Il a fulminé quelques secondes, les ailes sur les hanches - quel cliché! - et il s’est remis à fouiller. Imbécile. Or, pendant qu'il était affairé, je suis allé chercher une poignée de clous au sous-sol et j’ai commencé à l’en grêler. Un fou! « Tu ne voleras point », lui ai-je dit, en le mettant en terre, sur un ton de Poe, Lafontaine ou Dieu.

les miracles de la linguistique

Il y a beaucoup de choses qui circulent dans mon sang. Du phlegme, par exemple. Si je ne me trompe pas, le phlegme est ce que l’on nomme aujourd’hui la lymphe ou le liquide lymphatique. Hippocrate de Cos disait, hier – ou jadis –, que cette substance était responsable d’une humeur chez l’être humain, le flegme, l’indifférence, l’apathie. J’ai connu une femme de ce genre, dans ma tête, jadis – naguère, plus précisément. Je lui disais : « Chérie, tu sais que je t’aime? » et elle me répondait, du tac au tac, un de ces très indifférents : « C’est justement ce que j’allais te dire, chéri. Comme c’est étrange, comme c’est bizarre ». Et nous nous étreignions tendrement. Cependant, lorsqu’elle posait ses lèvres sur les miennes, il n’y avait aucune réaction dans ses yeux, aucune étincelle ou flamme ou lumière. Cela m’inquiétait. J’ai donc battu – comme le grain qu’on récolte – quelques conjectures pour me rendre compte que la première était la plus valable : « Elle n’a pas de flamme dans les yeux parce que je ne les vois pas, tout simplement ». Je l’avais formulée ainsi : « L’incommunicabilité visuelle résulte de la présence d’un élément médiant obstruant – un É.M.O. ». Tout s’expliquait. Aussi ai-je continué à l’embrasser, mais plus vélocement cette fois. Puis, au bout d’une minute environ, autre semonce de doutes : « Pourquoi, quand je la ré-embrasse sur les lèvres, ma langue est incapable de toucher la sienne ». S'ensuit une seconde cavalcade hypothétique au terme de laquelle j’ai dû revenir à la première – la plus plausible : « Cette bouche n’a pas de langue. Défaut de manufacture! » (Je l’avais formulée telle quelle. Sans la blague, toutefois.). Cette réalité m’ayant percé comme le Christ sur la croix, je me suis bouché les oreilles avec ses cuisses et, jugeant l’endroit adéquat pour lui faire entendre raison, je lui ai répété : « Quel flegme! Mais, quel flegme! Non mais, quel flegme elle a! »
Le mémorable déversement de lave qui a suivi ma diatribe a, encore une fois, sollicité mon intellect mais, pour l’heure, j’ai convenu qu’il serait temps d’émettre cette très satisfaisante conclusion : les phonèmes labiaux et bilabiaux, sitôt actualisés, peuvent parer au flegme des femmes.

fait divers

J’ai lu dans le journal qu’un homme, après avoir vécu, a revécu. Ça se serait passé l’autre-avant-hier, il y a deux mille ans. L’homme en question se serait fait battre par la SQ locale. Ensuite, ils l’auraient cloué sur une croix au sommet d’une montagne. Des gens le regardaient, mais ils n’ont rien fait. L’homme a donc mourru. Trois jours plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui – ce matin, avant la messe – l’homme serait sorti de son tombeau, complètement revécu et il aurait demandé aux gens de s’aimer : « Il faut que l’un aime l’autre » ou quelque chose du genre. C’est fou comme le message a bien passé car depuis ce matin, partout où je regarde, les gens s’aiment. Ils s’aiment. Vraiment. Ils se sont même offert un congé payé pour mieux s’aimer. Ç’a été voté ce midi, par la CSN. Au moment où j'écris, des gens ouvrent les portes des centres commerciaux afin de mieux s’aimer encore. Quant à l’homme qui a revécu, je ne sais pas trop ce qu’il est devenu. Sans doute qu'il est probablement à Bordeaux, j'imagine peut-être.

journal de bar

J’imagine ce client – un intarissable, un inassouvissable – qui tient son journal de bar. Il y relaterait les rencontres qu’il a faites; les discussions entendues; ses observations, odines ou anodines; ses drinks; ses cetera. Il s’accoterait sur le bar, zyeuterait à gauche, à droite, en avant, en arrière, au nord-sud-est-ouest, penne en main, journal en face, front en paume, coude en l’air, et il écrirait. Il écrirait sur ces télés allumées qui montrent, sur les poutres qui tiennent, sur les miroirs avec du rouge à lèvres, sur un bock vide, sur cette main qui tient une plume d’une tonne, sur ces tables qui s’entourent de chaises sur lesquelles sont assises des femmes, sur ces femmes assises sur des chaises qui entourent une bougie… Il décrirait les rires qui pétillent, la cheville de cette enseignante de libidinâge mûr qui s’excite sur un mégot, les « oh! », les coiffures qui s’inclinent à cause des doigts comme quand on file un mauvais coton, les mimiques, les cambrures lombaires, les fantasmes sexuaux; il prédirait les aléas, les siens sans doute, qui n’en seraient plus, puisqu’il les aurait prédits; il se tannerait; il chercherait une façon originale de demander une bière à cette serveuse, une façon élégante, finement humoristique, intelligente, qui jouxte le cliché; il lirait pour refaire le plein il commanderait une autre bière et en attendant il songerait à Prévert qui ôte carrément toute ponctuation dans beaucoup de ses poèmes pour une raison « x » « y » esthétique ou autre. Il se tergiverserait une bière ou deux dans l'gorgoton, ça éclabousserait sur son calepin et il oublierait, lentement, son mal à l’âme au fur e à mes re qu les mot s’eff

Remarque : Lamentation coule de l’âme en tension.

du haut de ses talons

Elle a l'esprit d'analyse de Beauvoir.

Déboussolant.

Sauf qu'elle porte des talons hauts, on dirait, pour la première fois.

mercredi 25 février 2009

dialogue intérieur

- J’ai la tête lourde.
- Ça ne te fatigue pas de toujours parler au « je ».
- Si. Toi?
- Aussi.
- Bon. On parle comment alors?
- Au nous.
- Au nous?
- Oui.
- Mais, si je suis seul à parler, et à parler pour moi seul, comment je peux parler au « nous »?
- Fais comme si c’était un « nous » de majesté.
- Comme si?
- Si. "Je et un autre", écrivait Ribaud.

(sic, sic...)

- Bon. Alors, comment allons-nous aujourd’hui?
- Je ne sais pas, c’est à toi de me le dire… car tu parlais bien de toi, non?
- Oui.
- De « nous » mis pour un « moi », c’est-à-dire « toi », c’est ça?
- C’est ça. C’est le nous de majesté, non?
- Oui.
- Bon, je disais co...
- Donc, si je comprends bien, tu te demandes comment « toi » tu vas par un « nous » qui renvoie à « toi », c’est bien ça?
- Comme tu l'as expliqué, il me semble.
- Tu ne me demandes toutefois pas comment moi je pense que toi tu vas...
- C’est ça.
- Cesse ça. C’est absurde. Parle au « je » maintenant.
- Mais…
- Allez!
- …
- …
- J’ai la tête lourde.

développement

Je suis allé faire développer mes photos aujourd’hui. C’est que je n’ai ni la formation, ni les produits, ni les installations pour le faire par moi-même. J’ai donc délégué. Encore une fois. Même chose pour la pose de mes pneus d’hiver, pour mon dernier examen dentaire (en fait, tous mes examens dentaires) de même que pour l’ajustement de la touche de ma guitare en mai dernier. Mon voisin aussi est comme moi. Il a employé deux charpentiers pour qu’ils construisent une annexe à sa maison la semaine dernière. Même chose pour la secrétaire au bureau de l'assurance-emploi (je suis Gaspésien) avant-hier. Elle a dû me demander de remplir un formulaire pour que je m'inscrive. « Bravo pour la contenance devant l'incompétence », ai-je ironisé, pour moi-même.

La dernière personne qui m’a « délégué » – par déresponsabilisation, par paresse, à la rigueur – c’était cette noiraude qui me suppliait de lui faire l’amour, samedi dernier, au bar. « Tu veux rire, lui ai-je dit. Regarde-toi : tu es majeure, tu me parais mature, sensée, bien dans ta peau et tu me demandes maintenant, ici, d’accomplir une tâche que – nous le savons tous deux – tu peux très bien exécuter toi-même. Je le fais, moi, et depuis belle lurette par-dessus le marché. Fais-moi l’amour, fais-moi l’amour… Je n’ai pas que ça à faire. Tu veux bien me dire quelle sorte d’enfance tu as eue et quelle sorte de parents t’ont éduquée, pour l’amour? » Et la noiraude de me répondre : « Éduquer pour l’amour… De ce côté, tu n’as pas à t’inquiéter, jeune homme. J’ai commencé mes classes très tôt. Trop tôt même. Mon beau-père était un enseignant assidu, disons. » Durant cinq bonnes minutes elle m’a boudé, buvant son drink à petites lampées, ignorant ma présence. Moi, mal à l’aise, je calais ma bière.

Je calais du front aussi. Pendant ces cinq bonnes minutes, je le voyais caler, à vue d’œil, mon front tout le tour de ma tête, mes cheveux s’éparpillant sur mes épaules, sur notre table et jusqu’au pied de la chaise.

Et des miens aussi. Mes pieds que je n’avais jamais sentis aussi coincés dans mes souliers. Véritables étaux. J’avais l’étrange l’impression qu’ils rapetissaient, mes petits souliers.

C’est alors que, pour m’en assurer, j’ai jeté les yeux par terre. Et c’est là, sur le sol, que j’ai pu constater que j’avais raison ; mes souliers étaient si menus que j’ai d’abord cru que c’étaient ceux de ma noiraude. On aurait dit : (Deux points, s'entend). « En moins de deux, deux tout petits points », que je me répétais, avec une sorte d’ironie, de dernier recours, dans la voix, intérieure.

Tout à coup, je pense à : « Mon pénis! Et si cette miniaturisation se propageait jusque dans mes bobettes… »

Arrivé au bout des cinq bonnes minutes, j’ai dû me résigner : « D’accord, lui ai-je dit, je te ferai l’amour mais, s’il te plaît… » Alors, elle me tait d’un doigt sur la lèvre, me prend par la taille, prend la sortie, la première rue, la peine de m’ouvrir et finalement, elle a délégué.

mardi 24 février 2009

déclinaisons

du coq à l’âne : et que ça saute.
une cloque à l’âme : un aura de bossu.
bicoque à lame : la loge du bourreau?
une coque-alarme : quand la moule crie.
une cloche à larmes : ça n’est pas du gâteau!

désavantage majeur

Si vous avez la grosse tête et que vous cherchez à vous en débarrasser, eh bien creusez-vous donc les méninges avec une pelle-mécanique.

(un ben beau poème)

C'est l'histoire d’un couple, heureux, patientant autour d’un bonheur en bedaine.
(On se refait, quoi!)
L’oreille, amarrée à la bite du ventre futuriste,
Curieuse comme deux durs-de-la-feuille,
Ricane, complice des jeux de mots d’un samedi lousse.

Un rire qui, comme une mousse de champagne.
(Aux anges la syntaxe! De toute façon, sont pas mieux que nous, hein?)
La flûte à baiser esbourdit,
C’est une ode au Monde en mode nous, je lui joue,
Dans ce beau banquet d’aube.

Ah, il y a du jaune sur du blanc content
(La fenêtre filtre fin),
Nous éblouissant les brioches et la porcelaine fumante.
Nos quatre yeux tamponnés, soudés, transcendés pour
La communion des temps.

...

Sauf que c’est sur la tablette d’en haut tout ça,
Sorte de réduit d'alcôve pour mycologue.
L’encre dégouttant de sur la feuille ecchymose
Des plans parfaits d’illusionniste psychosé;
Le dos tors, les pupilles comme des cachets
Multicolores.
Pis ça cherche à vivre quand même, figure-toi donc.
(Tabarnak!)

comment ne pas draguer

Lui : J’ai fait des hautes études t'sais...
Elle : Ah ouain?
Lui : Ouan. Troisième année cinquième étage.
Elle : ...
Lui : Même qu'on m'appelait La Crème...
Elle : Ah ouain...
Lui : Ouan. Toujours autour de 35%.
Elle : ...

petites annonces déclassées

À vendre : puits de pétrole (Idéal pour plasticiens).

Légume en règle cherche fruit défendu.

Adéquiste cherche femme de ménage. Tâches : jeter la serviette, essuyer la défaite, passer l'éponge.

Écrivain cherche ampoule noire pour nuits blanches.

Astrologie : Taureau qui s'en balance cherche vierge un peu poisson.

Saule pleureur cherche pommier en fleur.

Offre mes services pour rédaction de lettres de noblesse et correction de comtes.
Offre de sévices en tout genre. Martel-Frappier et associés.

Lundi porchain : grande Pancagne de bensilisisation à la liedsexy. Donnez négéreumesent.

À vendre : détonateur pour bombes sexuelles.

À vendre : chaussures pour pieds de page. Également : stock de chapeaux pour en-tête.

Vente de fermeture d’Ameublement Guaytan. Lot de tables en spécial : tables rondes (pour chevaliers), tables de matière (pour étudiants), tablature (pour musiciens), tabagie (pour fumeur), tabarnouche (pour le fun).

Suis à la recherche de midi. Rencontrez-moi ici vers quatorze heures.

Gazon dépôt : engrais (très, très) chimique pour gazon synthétique.

Cours de marketing à distance (négociable à neuf stances). Formation en calembours également disponible.

POUR VENTE RAPIDE : MATÉR... DÉSOLÉ VENDU!

C’te s’maine dans l’magazine Homme d’aujourd’hui : « Six bières par jour, une bedaine pour toujours? », « Ces haies qu’on aime », « Dix petits trucs pour arroser son asphalte », pis en masse d’aut’s affaires.

Main cherche chef pour œuvre.

Vendrais ordinateur. 500$ (payé 1200$ la semaine dernière). 555.1212.

À vendre : sac à blagues, rires en boîte (jaune, gras, en éclat, etc.). Raison de la vente : élagage à l’école de l’humour.

Vendrais ordinateur. 250$ (payé 1200$ la semaine dernière). 555.1212.

préjugés

Un préjugé demeure selon lequel les techniciens de son sont des musiciens ratés.

J'enseigne la littérature.

rien de mieux à faire

- Baptiste, tu n'as rien de mieux à faire que de penser, de réfléchir, d'interpréter, d'analyser, comme si l'homme était condamné au sens?
- La femme aussi.
- (Imbécile)
- Mais, c'est rassurant. non?
- ...
- ...
- Non.

lundi 23 février 2009

hyperbate

C'est deux lesbiennes dans un bar. La première s'approche et dit à l'autre: " J'voulais savoir : T'sais, toi, là, quand tu rencontres une fille qui porte un...

Après, je n'ai pas compris. Elles parlaient tout bas.

dimanche 22 février 2009

une telle plume n'est pas faite pour garnir un oreiller

j'arrive du bois, un brin débiné.

moi qui croyais que le bois avait la faculté d'absorber les pensées - "comme le tout nouveau sham-wow idéel, aussi peu garanti que les paiements du deuxième gratuit que que que..." - eh bien je me suis trompé. pas rasséréné. jam pack dans le blender d'en haut plutôt.

d'autant que je n'ai croisé ni pin palpitant, ni lièvre pour me sortir de mes tergiversations intellectuelles (n'en déplaise à malévitch, un lièvre blanc sur fond blanc n'a rien de remarquable, au sens propre). à quand les filles de Bud ondoyant autour des cèdres gaspésiens?

en résumé : une marche pensive, rien d'aérant. le nouveau prof, à l'écoute de ses élèves, qui réfléchit, très.

il songe entre autres à ses cancres (anagramme de cancers) qui n'ont pas lu l'oeuvre et qui ont le culot d'exiger;
à démocratiser ses notions littéraires;
à tenter de plaire, évidemment, en bon JEDI (Jeune Enseignant Dodu Injustement); et, surtout, à trouver un moyen de stimuler cette étudiante qui, selon lui, a de la graine d'auteure. une penne allègre.

dans mon bois donc, avec mes raquettes de métal, ma tuque bariolée qui en contenait large - et des pies grises sur fond gris -, j'ai envisagé de la mettre en contact avec louis gauthier ou encore VLB.

...cette étudiante qui a tout d'un carré blanc sur fond noir.

je verrai. on verra.

samedi 21 février 2009

mémo un

J'ai d'abord quelques questions à poser. commençons par une :

Pour qui écrit-on dans un blog?

Remarque : Félicitations pour la pertinence de cette question, Baptiste.