mercredi 2 décembre 2009
poème à chuchoter
Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches
Et puis voici mon coeur qui ne bat que pour vous.
Ne le déchirez pas avec vos deux mains blanches
Et qu'à vos yeux si beaux l'humble présent soit doux.
J'arrive tout couvert encore de rosée
Que le vent du matin vient glacer à mon front.
Souffrez que ma fatigue à vos pieds reposée
Rêve des chers instants qui la délasseront.
Sur votre jeune sein laissez rouler ma tête
Toute sonore encor de vos derniers baisers;
Laissez-la s'apaiser de la bonne tempête
Et que je dorme un peu puisque vous reposez.
- Pauvre Lelian
lundi 30 novembre 2009
dimanche 29 novembre 2009
jeudi 26 novembre 2009
tableaux de classe
d'autres, à côté, derrière, se batifolaient allègrement dans le couplage de notions abstraites, inintelligibles au commun des mortels comme aux mortels moins communs. ces autres avaient même du temps pour téter les virgules, et puis ce sera tout beau à la remise. cette nuit, ils hiberneront bien, pour sûr.
mardi 24 novembre 2009
dans le quotidien
un temps.
- je n'y arrive pas, elle est bloquée, chérie.
- clique sur le "x", en haut à droite.
- ?
moi mes souliers
du givre aussi sous mes souliers
sur la garde du pont.
vendredi 6 novembre 2009
de bas en haut
je monterais bien un arc-en-ciel, là, maintenant, avec toi sur mon dos, en chatouillant la plante de tes pieds avec une petite marguerite blanche, et sentir ton rire pétiller dans ma poitrine. Tiens, un haricot magique! Plantons, arrosons, voyons.
vendredi 30 octobre 2009
jeudi 29 octobre 2009
musique de chambre
comme j'aime ton langage imagé.
chat
est moins joli
que l'entrechat
mais moins encore
que ton entrejambe étonnamment arythmique.
mardi 27 octobre 2009
avec les médicaments
tandis que volettent en moi toutes tes chimères criardes et drues.
(pépiements d'oiseaux en sourdine)
qu'entre lautréamont par cette oreille
et qu'il griffe tous mes cerveaux de sa soudeuse à l'arc noire;
(bruit d'une source d'eau, subtil)
qu'il tarisse son encrier de mercure en crachant sa prose,
lourde comme cent requins blancs;
(une voix alto fredonne une berceuse)
et que son piano tsunami,
déluge,
catastrophe surréalistement,
(rire d'une jeune femme, assez loin)
mautadite belle nuite.
(un marteau sur une enclume, un mal au poignet. l'idée c'est que ce soit vraiment ridicule.)
mardi 20 octobre 2009
anecdote de picasso
- c'est vous qui avez fait ça?
et l'illustre pablo :
- c'est vous qui avez fait ça.
jeudi 15 octobre 2009
l'amour au temps de la grippe A
- au diable le purell, alors?
les deux : ouiiiiiiiiiiiiiiiiiii!
les deux encore : menoum, menoum, teuf, teuf, menoum, snif, teuf, menoum, atchoum, snif, slirp, teuf...
vendredi 2 octobre 2009
les idées croches
- tout croche, oui, continuez.
- ...
- ...
- j'ai un trou dans la tête. juste ici, regardez.
- je vois.
- ha!, elle est bonne!
- ...
- je disais...
- allez-vous-en!
- mais, docteur...
- je vous réfère à un herboriste. sortez.
mercredi 30 septembre 2009
rhume de cerveau
jeudi 24 septembre 2009
Dans une chaîne privée
- Quelle culture!, Gilles.
- Tout à fait ce matin, sur la route du Parc national Forillon, dans l'aire protégée de Penouille-au-pesto, un renard, sur la voie de gauche, avait la queue décapitée. Celle-ci gisait, comme lui, morte et inconsciente, à quelques verges seulement de l'individu d'un roux fuselé. La tête, elle, reposait, béate, coite, moite, sur la ligne jaunie de la vieille route 132. Dans les yeux de l'individu est probablement encore imprimé le numéro de la plaque ou de la gingivite de la voiture du conductif fauteur. L'enquête se poursuit en ce sujet, Bernard.
- Une histoire sans queue ni tête, Gilles.
- Ha! ha!, Bernard.
mercredi 23 septembre 2009
joie!
il est haut le coeur!
haut les mains;
elles sont hautes les mains!
aujourd'hui;
nous sommes aujourd'hui.
lundi 21 septembre 2009
une nouvelle vie
Un mois qu'elle a quitté le nid familial pour les cavernes, froides de néon, de moustaches molles, de GHB pâteux, de glossy pètant, de line up de désinstutionnalisés et de "chick-a-boum" à 1000 db. Un mois hier.
D'ailleurs, elle se rappelle à peine de la veille, de ses beaux cheveux noirs et rouges qui, reflétés dans la céramique couleur coke longtemps des WC de la caverne, font un va-et-vient impossible à la ceinture d'un gaillard rasé de près. Et les cells qui s'activaient autour, tout sourires.
Oubliera bien qui oubliera le dernier.
vendredi 18 septembre 2009
confidence
nos nez figurent assez bien
un voilier d'oies sauvages
qui partent, on dirait.
en regardant, de sous couvertures,
nos bouches ressemblent à s'y méprendre
à des roches rosies
sous lesquelles, d'ailleurs, des anguilles s'ébattent.
en regardant, en dedans nous,
nos noyaux en fusion semblent un gros coeur :
et ce coeur, le mien,
pompe pour toi;
et ce coeur, le tien,
pompe pour je ne sais qui.
mardi 15 septembre 2009
al son de mi corazon
mais je te distingue quand même, là-bas, sur scène, un parfum espagnol sur deux pattes qui me pique les yeux, qui rougissent et qui finissent par pleurer.
* * *
et j'imagine tes talons qui claqueront back stage comme dans mon coeur vide
que je distingue, quand même!
mercredi 22 juillet 2009
lapetoppe niveau
Un voyant lumineux est activé, ici, sous mes sourcils. Les doigts pèsent, les poignets s'empâtent, les bras ne se peuvent plus.
Substrat de métonymie amorphe je suis.
pour la millième fois
Et non, je ne le lirai pas.
L'auteur n'est pas mort; voilà pourquoi.
samedi 20 juin 2009
mieux vaut, souvent, ne rien dire, pour pouvoir changer de sujet quelqu'un, et se donner l'impression de, au lieu que glande le lecteur intérieur, sur une mer futile, lui qui potentiellement s'ancrera à autre chose que des mots vagues, de l'embrun de rien dans le toupet, sur une métaphore filée sans voile et virgule surtout virgule de l'aspiration au désert pour briser la monotonie.
pouah!
lundi 1 juin 2009
après le jour "J"
- Oui, soldat Francoeur.
- Nous sommes le premier juin, Sergent.
- Et alors? Dans un an, jour pour jour, nous y serons encore, soldat Francoeur.
- Oui, Sergent, mais...
- Mais?
- Pardonnez-moi Sergent, je suis déstabilisé par votre...
- ...
- ...
- Ma perspicacité?
- C'est ça, Sergent.
boire tes paroles
De tout et de rien, tu parles, tu parles.
Et après tu te plaindras que ton thé est froid...
* * *
Tourne donc ta langue cette fois.
mercredi 20 mai 2009
rêver pour l'hiver
Avec des coussins bleus
Nous serons bien. Un nid de baisers fous repose
Dans chaque coin moelleux.
Tu fermeras l'oeil, pour ne point voir, par la glace,
Grimacer les ombres des soirs,
Ces monstruosités hargneuses, populace
De démons noirs et de loups noirs.
Puis tu te sentiras la joue égratignée...
Un petit baiser, comme une folle araignée,
Te courra par le cou...
Et tu me diras : "Cherche!", en inclinant la tête,
- Et nous prendrons du temps à trouver cette bête
- Qui voyage beaucoup...
A. Rimbaud, 7 octobre 1870.
samedi 16 mai 2009
autosuffisance idéelle
Je suis dehors, je fume une cigarette et je pense à une chose qui, soudainement, engage et s’engage dans une mécanique ingénieusement conçue en, par et pour elle-même et qui, toujours en, par et pour, se huile adéquatement et,
et tout se meut dans une élégance, un charme, tout ce qu’il y a de plus admirable et,
et.
C’est alors que, maintenant et maintenant, je m'empresse d'étudier les engrenages, les pistons, l'hydrolique et tout et tout et je cours à ma chambre.
Je trébuche une fois ou deux puis,
je replace quelques choses,
des choses
éparses,
s’embourbent,
de plus
en plus abstraites,
sans
signifiance,
sans pertinence,
confuses,
un calepin,
je mets sur papier ces choses,
de tout à l’heure,
quand j’étais dehors,
en fumant, mais
en vain.
La pensée devrait toujours se suffire en par et pour elle-même, sans qu’on ait à l’écrire.
Cossé t'en penses?
mercredi 13 mai 2009
à lire
Le juge et son bourreau, F. Dürrenmatt;
Les bouts de bois de Dieu, O. Sembène
Les sous-titres d'un film allemand;
Les lignes de ma main;
La recette du succès;
Bon c't'assez.
avant de mourir de la grippe A.
Que j’appelle dans une ligne ouverte pour finalement lire du Rimbaud;
Que je fasse la morale à un ado complètement gelé;
Que je me mouche dans le chemisier de ma directrice;
Que je m'épile un seul sourcil;
Que, pendant le shampooing, je flatte doucement le sein d’une coiffeuse dodue en la regardant dans les yeux.
Et je pourrai enfin, en toute quiétude, me couper les doigts de la main droite avec la tranche du département.
Remarque : Y a rien comme terminer sur une note positive.
mardi 12 mai 2009
observation futile
Le cerveau humain est constitué à 84% d'eau.
Imaginez votre tête, préoccupée, à 4°C; le brassage des idées, celles du dessus qui redescendent et tout votre équilibre psychique troublé.
J'aimerais être un lac pour ne plus avoir à penser.
parole sensée
my neighbour
Tout à l’heure, ma voisine est sortie pour je ne sais quelle raison. Elle a déverrouillé une portière du vieil automobile datant, s'est penchée à l’intérieur, a fait quelque chose – j'ai détourné le regard à la vue de ses fesses que j’imaginais flasques et pointues à travers ses pantalons gris – puis elle a refermé la portière. J'ai porté machinalement ma cigarette à mes lèvres. Elle a ensuite jeté un long coup d’œil par la vitre côté conducteur, scrutant, une main sur le front comme pour briser un reflet incommodant, dodelinant la tête comme pour aucune idée, et répétant la séquence à la portière arrière. Elle s’est dit quelque chose en anglais et s’en est allée, démarche en canton, un brin claudiquant, les coudes un peu trop par l’arrière, les genoux un peu trop fléchis, les jambes un peu trop arquées.
Pourquoi ce geste devant les vitres de la voiture? Pourquoi cette série de gestes, en fait? Car ce n’est pas la première fois que je la vois faire ce qui devient, pour moi, un rituel étrange. Vérifie-t-elle si les portières sont bien verrouillées? Viendrait-elle de cacher quelque objet compromettant? Une icône d’or? La dent d’un christ? Une âme sage dans un flacon? Une corne d’un diable? Une hostie datant de Calvin? J’ai éteint ma cigarette, machinalement.
lundi 11 mai 2009
une joke kekun?
code 61
- Oui, Officier Francoeur.
- Soixante-et-unième message sur mon blogue, Sergent!
- Rien à signaler, donc?
- ...
- ...
- Rien, Sergent.
à quand?
- ...
- À quand, Beau Brun, les essais sublimes, les contes Diderot et les nouvelles de la chaîne spécialisée qui feront vibrer toutes les coupoles du quartier infinimentalement?
- ...
- À quand, Seul Amour, les formes brèves grêlant dans les égoûts à ciel ouvert?
- Là.
les grandes choses
J'ai un frère qui s'apprête à faire une grande chose. Je l'en ai félicité. Il a été touché. Moi aussi. Donnant-donnant.
J'ai des parents qui s'apprêtent à faire de grandes choses. Je les en ai félicités. Ils ont été touchés. Moi aussi. Donnant-donnant.
Répétons. Répétons. On finira par y arriver.
dimanche 10 mai 2009
l'ambivalence
À première vue, l’ambivalence ne garantit pas un mode de vie sain. Tout ambivalent qui se respecte sait que tourner comme un punching bag au bout de sa chaîne ne mène absolument nulle part, si ce n’est que, au bout du compte de dix, il finit par poser un regard critique dans les profondeurs insondables d’une chaudière de plastique, dans le coin bleu d’un gym, qui sent le cuir humide et le vomi pâlot.
* * *
L’impression de tournoyer – en soi plus qu’ailleurs – l’affecte émotionnellement et il en est conscient. Or, en bon ambivalent, il évitera. Il intellectualisera plutôt. Aussi révisera-t-il la sale situasse de fond en comble, questionnant tout d’abord et absurdement le fondement même de cette situasse et, ensuite, la légitimité de cette remise en question pour lui, hic et nunc, et ceatera. Il se tournera enfin vers une autre alternative (à titre comparatif seulement, se prévient-il) et, finfinalement, il optera pour LA réponse. Habituellement, il s'agit de la plus simple à remettre en questions (qui impliquent des réponses à choix multiples avec, en deuxième partie, des questions à développement. Juste assez mais pas trop quand même).
* * *
Il se conforte ainsi dans une position de bon second. Cette position, qui pour certains semble bien péjorative, lui l’assume. Du reste, elle seule lui permet d’avancer, picaro au pas plus ferme; de le doter, un temps, de la lourde épée du meneur – quand Quichotte hallucine, notamment. Certains le qualifieront injustement de force tranquille, lui qui, en réalité, demeure un compagnon bien paradoxal (sorte de GPS bon marché, de rouleau de duct tape, de bonne ficelle qui parle au « il »). Mais bon, on a droit à l’erreur.
* * *
Devrait-on être ambivalent, donc, en cette société de pluie et de gouttières trouées? Je répondrais comme vous lecteur : un peu oui et un peu non, juste assez mais pas trop.
dimanche 3 mai 2009
mes pauvres
Mon père subira une opération aux mains. Le pauvre.
Mon ami est dépassé par les événements. Le pauvre.
Mes voisins ont eu un accident de voiture. Les pauvres.
Mon équipe de hockey vient de se faire éliminer. La pauvre.
Mes Mexicains paniquent à cause de la grippe A. Les pauvres.
Mes abeilles tombent malades. Les pauvres.
Mon sol est contaminé au cuivre. Le pauvre.
Ma forêt perd de sa biodiversité. La pauvre.
Heureusement, mes pauvres restent toujours aussi pauvres.
vendredi 1 mai 2009
pluie jazzée
mercredi 22 avril 2009
"i'll give you more gold than your apron can hold"
Alberta
Alberta let your hair hang low
I saw her first on an april morn'
As she walked through the mist in a field of hay
Her hair lit the world with its golden glow
And the smile on her face burned my heart away
Alberta let your hair hang low
Alberta let your hair hang low
I'll give you more gold than your apron can hold
If you'll only let your hair hang low
I thought my golden time would last
But the field of hay was soon cut down
In a short few weeks it all was past
And my golden girl just a painful song
Alberta what's on your mind
Alberta what's on your mind
My heart is so sad 'cause you treat me so bad
Alberta what's on your mind
Alberta let your hair hang low.
lundi 20 avril 2009
dimanche 19 avril 2009
mercredi 15 avril 2009
suivre le courant
Jusqu'à maintenant,
Maudit courant.
dimanche 12 avril 2009
lapsus
vendredi 10 avril 2009
projet de vie intellectuelle
On dit aussi que c’est le livre de l’humanité.
Pour qui il se prend ce On?
sainement absurde
vendredi 3 avril 2009
exercice imposé
À vrai dire, ce type d’exercice me tente peu. Il m’oblige à retourner dans mon enfance et, de facto, à teinter ce texte d’une nostalgie pastelle-cucue qui me rebute un peu. Puisqu’il le faut, je parlerai, en une page, de Ratamiel et Rigobert, deux personnages d’une composition de français que j’avais écrite en troisième année du primaire, dans la classe de Louise. Ratamiel et Rigobert – ce devait être la plate projection de moi, 9 ans, et d'Évariste, mon frère aîné – Ratamiel et Rigobert, disais-je, avaient planté un haricot magique qui, une fois arrosé avec l’eau-de-vie – je ne devais pas savoir ce qu’était l’eau-de-vie à l’époque – l’eau-de-vie, redisais-je, avait fait pousser une gigantesque plante qui les menait au-delà des nuages, dans un monde onirique, coloré, esthétique et syntaxiquement ampoulé. Ils y ont gambadé un moment et, si je me souviens bien, je ne me rappelle plus de ce qui s’est passé par la suite (Copier/coller de Jacques et le haricot magique. Plagiat ou ignorance?).
J’ai eu un A.
Il y avait un crocodile gentil, il me semble, qui courait avec eux sur les nuages.
…
À dire vrai, j’aurais préféré être avec mes hommes des tavernes aujourd’hui. Avec mes buveurs bavards. Je les écouterais parler futile. Discourir entre autres sur le Venmar qui, finalement, « sert pas à grand-chose »; sur le réchauffement pathétique; sur la blonde de la chaîne météo « qui fait monter mon thermomètre! » (Rires gras en didascalie); sur le prix de la crevette, de la morue, de la sirène (!); sur l’accident du p’tit Côté dans le ch’min d’la Mine (« Perte totale ».); sur l’implication de l’ACDI dans l’Égypte musulmane (On a le droit de rêver.). Je me serais coulé une macro-brassée – genre Black Label – dans le gorgoton, puis une autre (« Une Black attend pas l’aut’ »), les ouïes grand' ouvertes.
Mais non.
Ratamiel et Rigobert et un crocodile gentil, que je me dis – sur un ton blasé, désolé – et ils couraient sur les nuages par-dessus le marché, les oiseaux et les avions (Une page ridicule ce sera.). Deux enfants munis d’un petit haricot et d’une grande naïveté qui grimpent sur une tige géante – symbolique phallique, complexe de supériorité masculine peut-être – pour passer à travers les nuages – on perce l’hymen? – et qui gambade au côté d’un crocodile sympathique – ???
…
Je devrais écrire ma page à double interligne. Je gagnerais sans doute du temps. Quoique j’aurais dû commencer avant. « Imbécile », que je me dis sur un ton quasi atonique, mi-sarcastique, sans impact véritable sur ma presque apathie. J’ai tout de même bien fait, quand j’y pense. Elles coûtent cher les feuilles blanches. Sans parler de la forêt, toujours en peine (sic) surexploitatatation (siiic) pour de vulgaires pages. Et je n’ai pas non plus évoqué les produits chimiques – « les produits chimériques », dirait Sol – rejetés par les usines de pâtes et papiers dans notre beau Saint-Laurent.
Mais bon, une page c'est une page.
une notation naturaliste
une phrase ludique
strophe surréaliste
B. La zone ligo-dycodinale : des savants s’obstinent.
La fillanation dycodonale s’apparente à la description qu’a faite Loupiniev du système de Némur (voir annexe B). Or, même si ce système a pour effet de stimuler la jarollisation – au sens strictement Rovellinien – Loupiniev fait abstraction des ajouts de Némur (mibrane, cambrane, dicobrane, par exemple) dans la zone ligo-dycodonale. En se concentrant sur les br […]
Remarque : Extrait du travail final d’un étudiante de bio, trouvé dans un bac à recyclage.
mardi 31 mars 2009
poème d'isolation
Ah! comme la pluie a donc plu;
Mon vieux prélor est torrentiel.
Ah! comme la pluie donc a plu;
Quand viendra mon propriétaire,
Lui crisserai la face à terre.
chanson morbide
Fin de la semaine, rengaine.
Demain dimanche,
Début de la semaine, rengaine.
Y aura un feu
De joie, de rien;
Y aura un feu
Que d’artifices!
C’est samedi,
Fin de la semaine rengaine.
Dimanche demain,
Début de la semaine rengaine.
Y aura musique
De fête, de rien;
Y aura musique
À Haute-Rive.
C’est samedi,
Fin de la semaine rengaine.
Demain dimanche,
Début de la semaine rengaine.
Commande de larmes
De joie, de rien;
Commande de larmes
À servir chaudes.
C’est samedi,
Fin de la semaine rengaine.
Demain dimanche
Et on s’abat.
dyptique 2
« Bon tabac de condamné, va! Saliveuse de bourreaux, reste! Avec ton cou pâle et ton dos de lin, tu m'oublies le champ derrière le soupirail ». Et les barreaux en chocolat lui fondent dans les mains.
dyptique 1
« Regarde-toi, chorale puissante et juste, mais regarde-toi donc, chair de poule des bruines d’été! Qu’est-ce que j’ai fait pour avoir ton lobe sous ma canine? Explique, disserte, défends, roule, caresse, pousse l’audace. Vulnérabilisatrice, va! »
dimanche 22 mars 2009
on ne peut pas plaire à tout le monde.
jeudi 19 mars 2009
devinettes
- Ne faites pas de discrimination. Un alzheimer est une personne comme tout le monde.
Quel est le comble d'une maison?
- Le grenier.
Savez-vous pourquoi les chiens ne donnent jamais leur langue au chat?
- Parce qu'on n'a pas encore développé cette habitude.
Savez-vous quelle est la différence entre un ours noir et un juke-box?
- En tout cas, les deux ne prennent pas la carte.
Savez-vous pourquoi les tourtes des îles Mingan piaillaient au crépuscule?
- À cause de Darwin.
Rentrez-vous un suppositoire dans l'anus, puis essayez avec une patate jaune. Que remarquez-vous?
- Ne faites surtout pas ça.
L'Américain moyen mange un hamburger par mois...
- Je vous arrête tout de suite; l'Américain moyen n'existe pas.
Mon premier est vieux. Mon second est mou. Mon troisième est ton. Mon tout est poilu. Qui suis-je?
- Un vieux mouton poilu.
Qu'est-ce que la plupart des Gaspésiens, pêcheurs de morue de génération en génération, mangent au jour du poisson d'avril?
- Trois, habituellement. Quatre avec l'ingénieur. D'ailleurs, ils se demandent encore comment procéder au moment où on se parle.
Pour de l'argent liquide, il faut un portefeuille étanche. Pour de l'argent sonnant il faut un portefeuille... ?
- Un portefeuille, c'est tout. La première phrase était une blague.
mardi 17 mars 2009
procrastination
dimanche 15 mars 2009
pour justifier le titre de ce blogue
"Et les paradis artificiels, mec?", poussais-je la loque. Alors, il s'est approché de moi, qui l'attendais dans des semelles de béton. Nez à nez presque, il m'a souri - on eut cru Bouddha. Puis, le regard bon, il m'a glissé à l'oreille : "Pour celui qui croit que les paradis artificiels sont le highway to ideal land - anglophile, va! - il se goure; haschiche, opium et absinthe ouvrent plutôt les volets sur un ego vulnérable et, par extension, ils constituent autant d'aveux implicites de ma faiblesse d'artiste".
Puis s'en est allé, satisfait.
J'étais vaincu.
vendredi 13 mars 2009
la philozophie
- Donc, Platon n’a rien inventé.
- !?!
- Regarde! un nuage en forme de loupe!
mardi 10 mars 2009
blancheté
C’est un rapport de cause à effet, m’a-t-on dit; c’est simple : « On t’agresse : tu vieillis ».
Pareillement, mes os sont blancs. Mes os, cartilage, ongles et muscles. Je dis « mes muscles »... En fait, c’est que le calcium a remplacé mes muscles, m’a-t-on dit : « C’est simple : tu es immobile. Et on fait en sorte que tu le demeures ».
Alors, je ne bouge plus, rhétoriquement. « Immobilisme », « stagnation » sont les mots d’ordre que je ne peux même pas prononcer. « Ironiquement » non plus.
Ainsi, seul, sur un lit de marbre blanc, une pierre tombée, inerte, seul – l’ai-je dit? –, linceul, pourrait-on dire, je n’ai rien d’autre à faire que de me réciter des poèmes du genre :
Calcium sur marbre
Le temps est dur
(Comme nous)
Et blanc
(Comme nous!)
Et on ne me fait voir
Que le plafond
Blanc-seul
Et cette chute
Pourpre
Comme la robe d’Amélie[1].
« C’est beau, non? », m’a-t-on dit.
[1] Une muse que le lecteur prendra plaisir à imaginer
au choix
Je les détritus au compostelle?
Je les sectionne, les re-sectionne et les dissectionne?
Je les rase, les ouvre et les vide de leurs boyaux?
Je les gigot d’agneau à la tronçonneuse batteuse?
Je les entaille et les vide de leur sève?
Je les bats et point de suture?
Je les arrache jusqu’au métaphysique?
ô ordi…
- Je l’sais-tu moé.
la confiance
Aurait fallu plus de suite dans les idées. Et ainsi de suite.
Aurait fallu plus d’expérience. Avec un « s ».
Fallu plus de jugement. Je devrais en parler à un avocat.
Fallu plus de parfum. Pfff…
Fallu plus de maintien, de pose, de dos drette. Et une chaise confortable.
Plus de toute,
Moins de moi :
Moi éteint,
Moi pas sûr,
Moi pas de répartie,
Moi qui; mal! Très,, réponds,
Moi aussi préparé qu’une poche de riz,
Moi qui marmonne comme un mormon morne,
Moi nerveux comme une musaraigne pas de trou,
Moi bête comme un millepattes bête comme mes pieds.
Moi lourd comme un club-poutine extra bacon 'ec ben d’la mayo.
Je suis seul.
L’ai transpercé sur du papier tout à l’heure :
Grosse écriture foncée
(Celle d’un dimanche sale,
Genre : « Je suis seul », mais en plus gros encore).
J’ai osé, moi, qui jamais rien,
Qui m’étends indolent sur un chemin de rien faire
Devant des vaches livides,
Qui à l’ouvrage vais zombie,
Qui dans la musique me noie
Goutte après note,
Qui te défroisse des tristesses séchées
(Osé t’écrire « Je suis seul »)
J’ai hâte que ça finisse cette vie-là,
Ce mode de vie-là,
Cette période de ma vie-là
Pendant toute laquelle aurait fallu que que.
Diégèse en l’air
Fournie en beaux mots.
Bibliothèque de tangibles riens.
Faut qu’on respire
Une bonbonne fois pour toute.
Même si c’est pas nous qui nous aimons.
Même si c'est d'autres à travers nous qu'on aime, dans le fond
(Des blonds, des blondes; des roux, des rousses; des noires...)
S’en fout!
Pourvu qu'on respire.
Mesdames, pour mettre du piquant dans votre vie, faites l’amour avec un piment. Et vous messieurs, tapez-vous un porc-épic.
Je m’emmerde.
Country road, take me home.
lundi 9 mars 2009
épicerie
- Pas pire, pas pire.
- Bon!
- ...
- Bon ben, j'pense ben que j’ai tout moi là : mes p’tits pepsi, mes chopes de porc, mes chips, mes bessuits... sa luzarne, ses épinards, son cucuma bio pis son lait de soya.
- Ben moi aussi cout'donc : ses tomates en dés, ses carottes, son céleri, ses oignons, son vermicelle, pis ma base de poulet.
- Ouain, a t'a dompté ta cuisinière, mon Jean-Paul... ta base de poulet...
- Ouan, j’manque la première période chaque fois qu'on fait une soupe. C’est long enlever les p’tits grumeaux jaunes dans l'bouillon. Mais j'suis patient.
- Mais, ils font d’la base de poulet liquide astheure.
-T'es-tu sérieux?
- Troisième rangée.
- Ah ben viarge!
samedi 7 mars 2009
entretien d'embauche
- Pour gagner son pain, tasser ses miettes et garder la fibre!!!
- ...
- ...
- Vous avez déjà pensé au suicide?
- Non.
- Dommage.
accommodement raisonnable
- Nous sommes le 7 mars. Je dis "nous"... En fait, je parle pour moi... Comprenez-moi bien... Je... Je ne vous impose rien... Si vous voulez être le 6 ou le 8 mars, je n'y vois pas d'inconvénients... D'autant que vous êtes ici chez vous et je... Nous... Vous...
- ?!?
sont prévoyants
juste devant, sur mon terrain,
comme autant de fire blankets
sur notre Québec à faire.
perfectionnisme
- Bien sûr, chérie. Je vérifie d’abord si tout y est, si tu permets.
- Bon. Une fellation pour patienter?
- Attends, je vais vérifier le Littrée aussi.
jeudi 5 mars 2009
didactique humoristique
« Supposons l’existence d’une sphère opaque à la surface de laquelle apparaissent des fissures, craquelures ou anfractuosités. Cette sphère est d’un bleu de mer (comme tes bleus de mer de yeux). Supposons encore une fois que lorsque certaines personnes s’en approchent, ses fissures, craquelures ou anfractuosités s’entrouvrent pour libérer d’étroits, intenses et éphémères faisceaux lumineux. Eh bien, cette sphère serait l’humour; sa surface, la mélancolie et l’intérieur lumineux serait la gaieté ou la joie de vivre (la tienne, la mienne).
« Où se trouve cette sphère maintenant? Aucune idée. Pour les intellectualistes qui adhèreraient à cette allégorie bancale, elle se trouverait dans la tête. Les affectivistes, eux, la verraient dans le cœur. Pour ma part, je la verrais dans la tête, côté cœur, et même un peu au-dessus. Mais pas trop (Je peux replacer cette mèche rebelle?).
« Quant à sa dimension, son volume, sa masse et sa masse volumique, je ne les connais pas. De toute façon, rien n’est parfaitement mesurable. Disons que les dimensions de la sphère varient d’une personne à l’autre, d’une culture à l’autre, d’incontinent à l’autre (Tu ris? T’es belle.). En Angleterre, terre natale de l’humour – comme partout ailleurs dans le monde (Encore!) –, l’intensité lumineuse est proportionnelle à l’épaisseur de la couche mélancolique. En Angleterre toutefois, toujours terre natale de l’humour, la très forte intensité lumineuse est proportionnelle à la très grande épaisseur de la couche très mélancolique. Ainsi, lorsque les faisceaux émergent, ils sont d’autant plus remarquables, puisque inespérés et inattendus (Je t’aime, je crois.). Je soulignerais, pour terminer cette digression inutile, que l’intensité plus ou moins « lumineuse » des faisceaux indique le plus ou moins sens de l’humour ».
Et je terminerais ainsi :
« Les humoristes ne sont pas foncièrement mélancoliques. Ils feignent de l’être (Comme je feins de ne pas t’aimer). Et si un théoricien de l’humour t’apostrophe en te disant que « l’humour est une sorte de gaieté qui émerge d’un fond de mélancolie », ne soit pas choquée. Dis-lui calmement que la mélancolie est le déguisement nécessaire de l’humoriste et que la gaieté est naturelle, fondamentale chez lui. C’est à la fois drôle et émouvant de voir un théoricien de l’humour s’en aller en grommelant. (Viens, je t’invite.) »
Remarque : Si. Ou une libération au conditionnel.
inutilitécriture
Il faut continuer d’écrire. Pire : Il faut que ça devienne une habitude, l’écriture. Ma grand-mère – Dieu n’aie pas tout de suite son âme – me disait qu’il faut trois semaines pour qu’une habitude s’acquiert. Trois semaines. C’est beaucoup de temps. Or, comme je suis une personne qui comprend assez rapidement, je pense qu’une période d’une semaine suffirait largement. Une semaine. Ou sept jours. Ou sept fois vingt-quatre heures dont quatorze ou quinze sont ouvrables – parce que je dors la nuit. Là-dessus, j’ôte trois heures pour la nourriture, une heure pour l’hygiène corporelle et trois autres pour les loisirs musicaux, télévisuels et sportifs (!). Il me reste environ sept heures pour écrire. Si j’enlève une heure de pause réglementaire (tel que recommandée par la loi sur les normes du travail) j’ai six heures pour écrire. Puis, comme je suis humain, il y a de fortes chances que je m’adonne à un brin de paresse. Une autre heure de perdue. En reste cinq. Sur ces cinq, trois sont consacrées à la réflexion et la relecture et sur ces trois, la moitié est réservée au biffage, à l’hachurage, au reformulage, au dictionnairage, au grammairage, au citationnage, au supprimage, et ceaterage. Donc, si je fais un calcul, j’écris en moyenne une heure trente par jour.
Je passe plus d’une heure à pitonner sur une plaque de plastique boutonnée – tout ce qu’il y a de plus impersonnel, de plus rigide, de plus absurde –; plus d’une heure devant un gros écran plasma, effervescent, sillant dans les ouïes, rougissant les yeux, asséchant l’inspiration et l’imagination de ses hertz mal léchés (!); plus d’une heure à être passivement assis derrière un carré derrière un mur blanc derrière le dehors alors que je pourrais y être, justement, dehors, à trapper le renard, à pêcher l’éperlan, à débrancher l’arbre, à gratter, saler, poivrer mon entrée, à pelleter les nuages, à entraîner mon cœur, renforcir mes biceps, quadriceps, deltoïdes et trapèzes, à faire respirer ma santé, mais non; je suis là, à pitonner, à faire du phrasouillage de néophyte, du bourrage de ligne, de l’enflure syntaxique et vocabulairielle qui ne réussit même pas à entrer dans un mot-valise comme inutilitécriture.
Remarque : J’ai remarqué – d’où l’appellation remarque – que lorsque point – du verbe poindre – l’aube de la fin d’un texte – c’est-à-dire le crépuscule d’un texte – j’ai une fâcheuse tendance – problème de cooccurence ici, Baptiste, mauvais emploi ici, Baptiste – à répandre, au fil des lignes, des mots qui sont d’un superflus déconcertant – comme cette autre observation entre tirets – et ce, bien contre mon bon gré malgré moi. Que faire? Comment l’expliquer? Mais surtout – j’y reviens – que faire? Les questions se posent. Elles se posent comme cela, sur une feuille ou dans l’oreille d’un bien entendant ou, comme moi, là, présentement, elles se posent virtuellement, sur un écran cathodique blanc, effervescent, sillant dans les ouïes et rougissant les yeux. Les questions ne se posent pas : elles tombent. Et personne ne vient les ramasser.
vendredi 27 février 2009
...
T
T
E
N
T
E
L’attente est une maladie chronique et en mon cas désespérée.
L’attente est une maladie, chronique et, en mon cas, désespérée.
L’attente : une maladie chronique. Et mon cas en est désespéré.
La chronique est une maladie latente et désespérée en mon cas.
Mon cas est chronique : une maladie désespérée et latente.
Mon cas est désespéré, chronique et latent : une maladie.
Et en mon cas, la maladie est l’attente, désespérée, chronique.
Chronique, l’attente est une maladie désespérée. En mon cas.
Ma maladie est désespérante. Une chronique lattée, coma.
cyclothymie
Je suis de retour et, attention, je suis dans le sommet de ma forme. Je viens de me taper un irish cream cognac double, un screwdriver, une pinte houblonnée, un poing de pinottes de la distributrice. J’ai les quatre groupes alimentaires de mon bord. Yes sir! Laisse-moi me dire que ça va barder. J’oserais même dire : « Ça va bombarder ».
D’autant plus que c’est la rentrée de la serveuse – gilet moulant, fille voulante – et que j’ai la jambe alerte, la huppe, le brandi, la roideur du midi bref, j’ai l’esprit procréateur. Je m’avertis : les phrases couleront comme chute séminale dans caverne satinée dans un débit, un débit, un débit ordekontraule.
Remarque : « ordekontraule »… C’est ridicule.
Rends la gaine
Encore toujours le même problème - que je banalisais, autrefois, en le qualifiant de vulgaire pépin - : la création. Ou le problème de la verve. Ou bedon de l’inspiration.
Cette version améliorée ou édition augmentée ou, si j’aime mieux, ce « rechargement sémantique de ma conception du mot problème », il est bien plus sérieux que je crois que ça en a sans doute peut-être l'air d’avoir l’air.
Remarque : Veux-je vraiment en parler?
C’en est presque devenu une rengaine que d’utiliser à profit cette carence, cette lacune, cette anémie des mots, cette non-vie imaginative ou, si j’aime encore mieux, ce langage du .
Sorte de cliché suranné de l’écrivain qui écrit à propos de son manque de créativité. Cliché effiloché du poète en pleine dépossession de ses moyens. Cliché cliché de l’auteur s’autodérisionnant de son soi-même. Changeons de vie.
Ou bedon de paragraphe.
cloué le bec
les miracles de la linguistique
Le mémorable déversement de lave qui a suivi ma diatribe a, encore une fois, sollicité mon intellect mais, pour l’heure, j’ai convenu qu’il serait temps d’émettre cette très satisfaisante conclusion : les phonèmes labiaux et bilabiaux, sitôt actualisés, peuvent parer au flegme des femmes.
fait divers
journal de bar
Remarque : Lamentation coule de l’âme en tension.
du haut de ses talons
Déboussolant.
Sauf qu'elle porte des talons hauts, on dirait, pour la première fois.
mercredi 25 février 2009
dialogue intérieur
- Ça ne te fatigue pas de toujours parler au « je ».
- Si. Toi?
- Aussi.
- Bon. On parle comment alors?
- Au nous.
- Au nous?
- Oui.
- Mais, si je suis seul à parler, et à parler pour moi seul, comment je peux parler au « nous »?
- Fais comme si c’était un « nous » de majesté.
- Comme si?
- Si. "Je et un autre", écrivait Ribaud.
(sic, sic...)
- Bon. Alors, comment allons-nous aujourd’hui?
- Je ne sais pas, c’est à toi de me le dire… car tu parlais bien de toi, non?
- Oui.
- De « nous » mis pour un « moi », c’est-à-dire « toi », c’est ça?
- C’est ça. C’est le nous de majesté, non?
- Oui.
- Bon, je disais co...
- Donc, si je comprends bien, tu te demandes comment « toi » tu vas par un « nous » qui renvoie à « toi », c’est bien ça?
- Comme tu l'as expliqué, il me semble.
- Tu ne me demandes toutefois pas comment moi je pense que toi tu vas...
- C’est ça.
- Cesse ça. C’est absurde. Parle au « je » maintenant.
- Mais…
- Allez!
- …
- …
- J’ai la tête lourde.
développement
La dernière personne qui m’a « délégué » – par déresponsabilisation, par paresse, à la rigueur – c’était cette noiraude qui me suppliait de lui faire l’amour, samedi dernier, au bar. « Tu veux rire, lui ai-je dit. Regarde-toi : tu es majeure, tu me parais mature, sensée, bien dans ta peau et tu me demandes maintenant, ici, d’accomplir une tâche que – nous le savons tous deux – tu peux très bien exécuter toi-même. Je le fais, moi, et depuis belle lurette par-dessus le marché. Fais-moi l’amour, fais-moi l’amour… Je n’ai pas que ça à faire. Tu veux bien me dire quelle sorte d’enfance tu as eue et quelle sorte de parents t’ont éduquée, pour l’amour? » Et la noiraude de me répondre : « Éduquer pour l’amour… De ce côté, tu n’as pas à t’inquiéter, jeune homme. J’ai commencé mes classes très tôt. Trop tôt même. Mon beau-père était un enseignant assidu, disons. » Durant cinq bonnes minutes elle m’a boudé, buvant son drink à petites lampées, ignorant ma présence. Moi, mal à l’aise, je calais ma bière.
Je calais du front aussi. Pendant ces cinq bonnes minutes, je le voyais caler, à vue d’œil, mon front tout le tour de ma tête, mes cheveux s’éparpillant sur mes épaules, sur notre table et jusqu’au pied de la chaise.
Et des miens aussi. Mes pieds que je n’avais jamais sentis aussi coincés dans mes souliers. Véritables étaux. J’avais l’étrange l’impression qu’ils rapetissaient, mes petits souliers.
C’est alors que, pour m’en assurer, j’ai jeté les yeux par terre. Et c’est là, sur le sol, que j’ai pu constater que j’avais raison ; mes souliers étaient si menus que j’ai d’abord cru que c’étaient ceux de ma noiraude. On aurait dit : (Deux points, s'entend). « En moins de deux, deux tout petits points », que je me répétais, avec une sorte d’ironie, de dernier recours, dans la voix, intérieure.
Tout à coup, je pense à : « Mon pénis! Et si cette miniaturisation se propageait jusque dans mes bobettes… »
Arrivé au bout des cinq bonnes minutes, j’ai dû me résigner : « D’accord, lui ai-je dit, je te ferai l’amour mais, s’il te plaît… » Alors, elle me tait d’un doigt sur la lèvre, me prend par la taille, prend la sortie, la première rue, la peine de m’ouvrir et finalement, elle a délégué.
mardi 24 février 2009
déclinaisons
une cloque à l’âme : un aura de bossu.
bicoque à lame : la loge du bourreau?
une coque-alarme : quand la moule crie.
une cloche à larmes : ça n’est pas du gâteau!
désavantage majeur
(un ben beau poème)
(On se refait, quoi!)
L’oreille, amarrée à la bite du ventre futuriste,
Curieuse comme deux durs-de-la-feuille,
Ricane, complice des jeux de mots d’un samedi lousse.
Un rire qui, comme une mousse de champagne.
(Aux anges la syntaxe! De toute façon, sont pas mieux que nous, hein?)
La flûte à baiser esbourdit,
C’est une ode au Monde en mode nous, je lui joue,
Dans ce beau banquet d’aube.
Ah, il y a du jaune sur du blanc content
(La fenêtre filtre fin),
Nous éblouissant les brioches et la porcelaine fumante.
Nos quatre yeux tamponnés, soudés, transcendés pour
La communion des temps.
...
Sauf que c’est sur la tablette d’en haut tout ça,
Sorte de réduit d'alcôve pour mycologue.
L’encre dégouttant de sur la feuille ecchymose
Des plans parfaits d’illusionniste psychosé;
Le dos tors, les pupilles comme des cachets
Multicolores.
Pis ça cherche à vivre quand même, figure-toi donc.
(Tabarnak!)
comment ne pas draguer
Elle : Ah ouain?
Lui : Ouan. Troisième année cinquième étage.
Elle : ...
Lui : Même qu'on m'appelait La Crème...
Elle : Ah ouain...
Lui : Ouan. Toujours autour de 35%.
Elle : ...
petites annonces déclassées
À vendre : puits de pétrole (Idéal pour plasticiens).
Légume en règle cherche fruit défendu.
Adéquiste cherche femme de ménage. Tâches : jeter la serviette, essuyer la défaite, passer l'éponge.
Écrivain cherche ampoule noire pour nuits blanches.
Astrologie : Taureau qui s'en balance cherche vierge un peu poisson.
Saule pleureur cherche pommier en fleur.
Offre mes services pour rédaction de lettres de noblesse et correction de comtes.
Offre de sévices en tout genre. Martel-Frappier et associés.
Lundi porchain : grande Pancagne de bensilisisation à la liedsexy. Donnez négéreumesent.
À vendre : détonateur pour bombes sexuelles.
À vendre : chaussures pour pieds de page. Également : stock de chapeaux pour en-tête.
Vente de fermeture d’Ameublement Guaytan. Lot de tables en spécial : tables rondes (pour chevaliers), tables de matière (pour étudiants), tablature (pour musiciens), tabagie (pour fumeur), tabarnouche (pour le fun).
Suis à la recherche de midi. Rencontrez-moi ici vers quatorze heures.
Gazon dépôt : engrais (très, très) chimique pour gazon synthétique.
Cours de marketing à distance (négociable à neuf stances). Formation en calembours également disponible.
POUR VENTE RAPIDE : MATÉR... DÉSOLÉ VENDU!
C’te s’maine dans l’magazine Homme d’aujourd’hui : « Six bières par jour, une bedaine pour toujours? », « Ces haies qu’on aime », « Dix petits trucs pour arroser son asphalte », pis en masse d’aut’s affaires.
Main cherche chef pour œuvre.
Vendrais ordinateur. 500$ (payé 1200$ la semaine dernière). 555.1212.
À vendre : sac à blagues, rires en boîte (jaune, gras, en éclat, etc.). Raison de la vente : élagage à l’école de l’humour.
Vendrais ordinateur. 250$ (payé 1200$ la semaine dernière). 555.1212.
préjugés
J'enseigne la littérature.
rien de mieux à faire
- La femme aussi.
- (Imbécile)
- Mais, c'est rassurant. non?
- ...
- ...
- Non.
lundi 23 février 2009
hyperbate
Après, je n'ai pas compris. Elles parlaient tout bas.
dimanche 22 février 2009
une telle plume n'est pas faite pour garnir un oreiller
moi qui croyais que le bois avait la faculté d'absorber les pensées - "comme le tout nouveau sham-wow idéel, aussi peu garanti que les paiements du deuxième gratuit que que que..." - eh bien je me suis trompé. pas rasséréné. jam pack dans le blender d'en haut plutôt.
en résumé : une marche pensive, rien d'aérant. le nouveau prof, à l'écoute de ses élèves, qui réfléchit, très.
il songe entre autres à ses cancres (anagramme de cancers) qui n'ont pas lu l'oeuvre et qui ont le culot d'exiger;
à démocratiser ses notions littéraires;
à tenter de plaire, évidemment, en bon JEDI (Jeune Enseignant Dodu Injustement); et, surtout, à trouver un moyen de stimuler cette étudiante qui, selon lui, a de la graine d'auteure. une penne allègre.
dans mon bois donc, avec mes raquettes de métal, ma tuque bariolée qui en contenait large - et des pies grises sur fond gris -, j'ai envisagé de la mettre en contact avec louis gauthier ou encore VLB.
...cette étudiante qui a tout d'un carré blanc sur fond noir.
je verrai. on verra.
samedi 21 février 2009
mémo un
Pour qui écrit-on dans un blog?
Remarque : Félicitations pour la pertinence de cette question, Baptiste.