J’imagine ce client – un intarissable, un inassouvissable – qui tient son journal de bar. Il y relaterait les rencontres qu’il a faites; les discussions entendues; ses observations, odines ou anodines; ses drinks; ses cetera. Il s’accoterait sur le bar, zyeuterait à gauche, à droite, en avant, en arrière, au nord-sud-est-ouest, penne en main, journal en face, front en paume, coude en l’air, et il écrirait. Il écrirait sur ces télés allumées qui montrent, sur les poutres qui tiennent, sur les miroirs avec du rouge à lèvres, sur un bock vide, sur cette main qui tient une plume d’une tonne, sur ces tables qui s’entourent de chaises sur lesquelles sont assises des femmes, sur ces femmes assises sur des chaises qui entourent une bougie… Il décrirait les rires qui pétillent, la cheville de cette enseignante de libidinâge mûr qui s’excite sur un mégot, les « oh! », les coiffures qui s’inclinent à cause des doigts comme quand on file un mauvais coton, les mimiques, les cambrures lombaires, les fantasmes sexuaux; il prédirait les aléas, les siens sans doute, qui n’en seraient plus, puisqu’il les aurait prédits; il se tannerait; il chercherait une façon originale de demander une bière à cette serveuse, une façon élégante, finement humoristique, intelligente, qui jouxte le cliché; il lirait pour refaire le plein il commanderait une autre bière et en attendant il songerait à Prévert qui ôte carrément toute ponctuation dans beaucoup de ses poèmes pour une raison « x » « y » esthétique ou autre. Il se tergiverserait une bière ou deux dans l'gorgoton, ça éclabousserait sur son calepin et il oublierait, lentement, son mal à l’âme au fur e à mes re qu les mot s’eff
Remarque : Lamentation coule de l’âme en tension.
Remarque : Lamentation coule de l’âme en tension.
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