mercredi 22 avril 2009

"i'll give you more gold than your apron can hold"

Doc Watson, originaire de la Caroline du Nord, fils de charbonnier, traditionnaliste, donc visionnaire, chantait "Alberta". C'est une complainte où un minier s'adresse - parfois indirectement, ce qui m'apparaît encore plus douloureux, encore plus juste - à sa mie.

Le sentiment d'être enterré vivant. Ce doit être cela.

Alberta

Alberta let your hair hang low

I saw her first on an april morn'
As she walked through the mist in a field of hay
Her hair lit the world with its golden glow
And the smile on her face burned my heart away

Alberta let your hair hang low
Alberta let your hair hang low
I'll give you more gold than your apron can hold
If you'll only let your hair hang low

I thought my golden time would last
But the field of hay was soon cut down
In a short few weeks it all was past
And my golden girl just a painful song

Alberta what's on your mind
Alberta what's on your mind
My heart is so sad 'cause you treat me so bad

Alberta what's on your mind
Alberta let your hair hang low.

lundi 20 avril 2009

projet livresque

Faudra lire Borges au lieu de Heidegger. Le nom est plus facile à prononcer.

dimanche 19 avril 2009

regrets sur écran plasma

Bonne fête en retard popa.

J't'aime popa.

mercredi 15 avril 2009

suivre le courant

Moi et mes élèves suivons le courant.
Rien de proactif, nous les apprenons ces courants littéraires,
c'est tout.
Comme soumis aux diquetas de l'intelligentsia
des estudieux de lestres de France
et pis eurk.
Faut dire qu'il faut faire nos armes itou,
qui faut répondre aux attentes du programme collégial,
pis qui fo pa bouger les cases
en cette période d'instabilité institutionnelle
hi ki fo don pa.

Jusqu'à maintenant,
nous sommes passés à travers le postmodernisme,
analepse vers le symbolizme,
nous avons steppé le surréalissime
et nous nous dirigeable vers le torvistentialisse
pis l'abseurk
et pis eurk.

Maudit courant.
Maudit mal de mer de migraine dans l'estomah que j'écris mal,
câlice.

dimanche 12 avril 2009

lapsus

Le nouveau ministre provincial de l'Économie ignore tout de l'affaire qui a fait déloger l'ancienne ministre de l'Économie provinciale. « J'étais sur Google Earth! », a-t-il déclaré à Michel, un journaliste pigiste d'un quotidien de droite subventionné de la capitale.
Visiblement mal à l'aise lors de sa première entrevue en tant que provincial ministre de l'Économie, il a commis ce lapsus, rapporté par Paul, un autre journaliste pigiste d'un quotidien gauchiste non-subventionné - de la métropole cette fois :
« D'autant plus que, comme le dit mon premier ministre : "On étouffe (sic) dans le même bateau [!]" »
Le lendemain, le subventionné journal gauchiste quotidien métropolitain s'excuse dans un gros, gras, capital et très italique ERRATUM. Sur le frontispice : « On a mal cité le sinistre provincial économe ». On spécifie plus bas que Paul, le gauche journaliste pigiste non-subventionné au quotidien, était en « pleine crise de cérumen » lorsqu'il a rapporté ses propos; qu'il avait « des coquilles sur les ouïes, parlai[t] au cellulaire, la tête dans le cul, le cul à Cancun, une sarracénie dans les bobettes depuis le premier avril ». Et l'article se termine sur des révélations touchantes : Paul, le journaliste pigiste etc., est « névrosé, alcoolique, suicidaire, pédophile et chauve [et il] promet [...] de démissionner ».
Demain, tout ira mieux. Je nous l'assure.

vendredi 10 avril 2009

projet de vie intellectuelle

Une fois que vous avez lu et compris Sein und Zeit, de Heidegger, on dit que toute œuvre fréquentée à sa suite devient entendue. Automatiquement, facilement.

On dit aussi que c’est le livre de l’humanité.

Pour qui il se prend ce On?

le vrai bonheur

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sainement absurde

Mise en contexte : Jean-François Breau (c'est un nom de code) m'a demandé de lui faire parvenir une chanson par Internet. Il était désespéré et je l'ai aidé. Voici comment.
Monsieur Breau,
c'est dans les moments difficiles qu'il faut recourir aux fibres, aux prébiotiques ou, comme dirait l'autre, à moi.
Mon nom de code : Roger Frappier.
Mon vrai nom : Roger Frappier.
Utiliser son vrai nom pour un nom de code peut vous paraître stupide. Or, rappelez-vous ce proverbe inuit : "Kunuktuq tit mouq caliq de tabanouq" ("On ne trouvera jamais l'éperlan dans le banc de ménés.").
Mais, mon intention n'est pas de vous en boucher un coin. Non. Je me propose humblement de vous aider dans votre noble quête artistique. Mais, d'abord et avant tout, permettez-moi de faire une manière de guise d'introduction du départ.
J'aurais bien aimé vous faire parvenir mes chansons farcesques par la voie des airs, cependant il ne restait aucune place sur aucun vol en classe économique. Aussi vous informé-je que mes folleries musicales abhorrent le champagne et les canapés des premières classes d'inox. Elles se batifollent allègrement dans la grosse milwakee best et les chips all dressed, produits que nos compagnies aériennes dénigrent, à mon grand dam.
Vous les transmettre par voie cybernétique s'avère malheureusement une alternative à rejeter, toujours selon mon grand dam. En fait, les logiciels d'enregistrement m'ayant récemment fait spinner le cerveau comme un tourbillon toilettaire, je n'oserais m'y aventurer une fois de plus. La conversion du .wav au MP3 est un monde aussi inconnu pour moi que le sol martien l'est pour vous, pour faire une image extra-géologique.
Cependant, toutefois, en effectivement, sachez que tous les saints sont de votre côté et vous supportent dans votre quête majestueuse d'inspiration. Je pense notamment à Saint-Tropez et sa cohorte de Saints (que je saurais voir); je pense également à Saint-Crème, dont la moyenne au Cégep frôlait les 35% (d'où son nom d'ailleurs), et à Saint-Siméon, l'illustre bâtisseur de traversiers.
Par ailleurs et pour terminer au niveau du fin-finalement, rappelez-vous le Christ Bouddha qui, à l'aide de sa barbe de 40 ans et de gris-gris bons marchés, a splitté la mer rouge en deux. Souvenez-vous qu'il a pogné de la morue, du flétan et autres mammifères à plumes pour les garrocher aux quatre coins du globe. Puisse cette divinité être pour vous une étoile polaire dans un ciel sans lune, un phare gigantesque près d'une mer de kool-aid, un kiosque d'information touristique dans une trompe de Fallope, une anguille dans une crotte de Rouyn. Autrement dit, tout est possible et rien n'est impossible. Au contraire, tout est possible.
Or donc, sur le plan du parfaitement ainsi soit-il, je vous dis, en mon pronom personnel : Bonne chance.
Mais, surtout : Bonne chance.
Roger Frappier (Président de l'Union des Absurdistes Anonymaliers)
P.S. : Salutations à Marie-Ève Janvier.

vendredi 3 avril 2009

exercice imposé

Rappelez-vous du mot qui a fait en sorte que vous en êtes venu au monde palpitant du langage. Écrivez une page.

À vrai dire, ce type d’exercice me tente peu. Il m’oblige à retourner dans mon enfance et, de facto, à teinter ce texte d’une nostalgie pastelle-cucue qui me rebute un peu. Puisqu’il le faut, je parlerai, en une page, de Ratamiel et Rigobert, deux personnages d’une composition de français que j’avais écrite en troisième année du primaire, dans la classe de Louise. Ratamiel et Rigobert – ce devait être la plate projection de moi, 9 ans, et d'Évariste, mon frère aîné – Ratamiel et Rigobert, disais-je, avaient planté un haricot magique qui, une fois arrosé avec l’eau-de-vie – je ne devais pas savoir ce qu’était l’eau-de-vie à l’époque – l’eau-de-vie, redisais-je, avait fait pousser une gigantesque plante qui les menait au-delà des nuages, dans un monde onirique, coloré, esthétique et syntaxiquement ampoulé. Ils y ont gambadé un moment et, si je me souviens bien, je ne me rappelle plus de ce qui s’est passé par la suite (Copier/coller de Jacques et le haricot magique. Plagiat ou ignorance?).
J’ai eu un A.
Il y avait un crocodile gentil, il me semble, qui courait avec eux sur les nuages.



À dire vrai, j’aurais préféré être avec mes hommes des tavernes aujourd’hui. Avec mes buveurs bavards. Je les écouterais parler futile. Discourir entre autres sur le Venmar qui, finalement, « sert pas à grand-chose »; sur le réchauffement pathétique; sur la blonde de la chaîne météo « qui fait monter mon thermomètre! » (Rires gras en didascalie); sur le prix de la crevette, de la morue, de la sirène (!); sur l’accident du p’tit Côté dans le ch’min d’la Mine (« Perte totale ».); sur l’implication de l’ACDI dans l’Égypte musulmane (On a le droit de rêver.). Je me serais coulé une macro-brassée – genre Black Label – dans le gorgoton, puis une autre (« Une Black attend pas l’aut’ »), les ouïes grand' ouvertes.

Mais non.

Ratamiel et Rigobert et un crocodile gentil, que je me dis – sur un ton blasé, désolé – et ils couraient sur les nuages par-dessus le marché, les oiseaux et les avions (Une page ridicule ce sera.). Deux enfants munis d’un petit haricot et d’une grande naïveté qui grimpent sur une tige géante – symbolique phallique, complexe de supériorité masculine peut-être – pour passer à travers les nuages – on perce l’hymen? – et qui gambade au côté d’un crocodile sympathique – ???



Je devrais écrire ma page à double interligne. Je gagnerais sans doute du temps. Quoique j’aurais dû commencer avant. « Imbécile », que je me dis sur un ton quasi atonique, mi-sarcastique, sans impact véritable sur ma presque apathie. J’ai tout de même bien fait, quand j’y pense. Elles coûtent cher les feuilles blanches. Sans parler de la forêt, toujours en peine (sic) surexploitatatation (siiic) pour de vulgaires pages. Et je n’ai pas non plus évoqué les produits chimiques – « les produits chimériques », dirait Sol – rejetés par les usines de pâtes et papiers dans notre beau Saint-Laurent.

Mais bon, une page c'est une page.

une notation naturaliste

Pour fumer, prenez une plume et une feuille. Écrivez abusivement. Si vous n’en tirez rien, allongez les bras, saisissez deux fronts et frottez-les l’un contre l’autre. Un éclair devrait poindre, ensuite du feu, enfin de la fumée.

une phrase ludique

Comme Milque a donné son laim tôt, il faudra certes que, au sud d’Ohquin, l’on sélidre l’ilôdrue de gineuse et de blanc – question qu’elle coule!

strophe surréaliste

[…] le mieux serait de confectionner une cage hilurique d’environ 28 par 60 Mp » (voir illustration pp. 29, 30). Ainsi, selon Rovellini, les dycodons jarolleraient d’eux-mêmes hors de la zone tampon.

B. La zone ligo-dycodinale : des savants s’obstinent.

La fillanation dycodonale s’apparente à la description qu’a faite Loupiniev du système de Némur (voir annexe B). Or, même si ce système a pour effet de stimuler la jarollisation – au sens strictement Rovellinien – Loupiniev fait abstraction des ajouts de Némur (mibrane, cambrane, dicobrane, par exemple) dans la zone ligo-dycodonale. En se concentrant sur les br […]


Remarque : Extrait du travail final d’un étudiante de bio, trouvé dans un bac à recyclage.