Mise en contexte : Jean-François Breau (c'est un nom de code) m'a demandé de lui faire parvenir une chanson par Internet. Il était désespéré et je l'ai aidé. Voici comment.
Monsieur Breau,
c'est dans les moments difficiles qu'il faut recourir aux fibres, aux prébiotiques ou, comme dirait l'autre, à moi.
Mon nom de code : Roger Frappier.
Mon vrai nom : Roger Frappier.
Utiliser son vrai nom pour un nom de code peut vous paraître stupide. Or, rappelez-vous ce proverbe inuit : "Kunuktuq tit mouq caliq de tabanouq" ("On ne trouvera jamais l'éperlan dans le banc de ménés.").
Mais, mon intention n'est pas de vous en boucher un coin. Non. Je me propose humblement de vous aider dans votre noble quête artistique. Mais, d'abord et avant tout, permettez-moi de faire une manière de guise d'introduction du départ.
J'aurais bien aimé vous faire parvenir mes chansons farcesques par la voie des airs, cependant il ne restait aucune place sur aucun vol en classe économique. Aussi vous informé-je que mes folleries musicales abhorrent le champagne et les canapés des premières classes d'inox. Elles se batifollent allègrement dans la grosse milwakee best et les chips all dressed, produits que nos compagnies aériennes dénigrent, à mon grand dam.
Vous les transmettre par voie cybernétique s'avère malheureusement une alternative à rejeter, toujours selon mon grand dam. En fait, les logiciels d'enregistrement m'ayant récemment fait spinner le cerveau comme un tourbillon toilettaire, je n'oserais m'y aventurer une fois de plus. La conversion du .wav au MP3 est un monde aussi inconnu pour moi que le sol martien l'est pour vous, pour faire une image extra-géologique.
Cependant, toutefois, en effectivement, sachez que tous les saints sont de votre côté et vous supportent dans votre quête majestueuse d'inspiration. Je pense notamment à Saint-Tropez et sa cohorte de Saints (que je saurais voir); je pense également à Saint-Crème, dont la moyenne au Cégep frôlait les 35% (d'où son nom d'ailleurs), et à Saint-Siméon, l'illustre bâtisseur de traversiers.
Par ailleurs et pour terminer au niveau du fin-finalement, rappelez-vous le Christ Bouddha qui, à l'aide de sa barbe de 40 ans et de gris-gris bons marchés, a splitté la mer rouge en deux. Souvenez-vous qu'il a pogné de la morue, du flétan et autres mammifères à plumes pour les garrocher aux quatre coins du globe. Puisse cette divinité être pour vous une étoile polaire dans un ciel sans lune, un phare gigantesque près d'une mer de kool-aid, un kiosque d'information touristique dans une trompe de Fallope, une anguille dans une crotte de Rouyn. Autrement dit, tout est possible et rien n'est impossible. Au contraire, tout est possible.
Or donc, sur le plan du parfaitement ainsi soit-il, je vous dis, en mon pronom personnel : Bonne chance.
Mais, surtout : Bonne chance.
Roger Frappier (Président de l'Union des Absurdistes Anonymaliers)
P.S. : Salutations à Marie-Ève Janvier.