Rappelez-vous du mot qui a fait en sorte que vous en êtes venu au monde palpitant du langage. Écrivez une page.
À vrai dire, ce type d’exercice me tente peu. Il m’oblige à retourner dans mon enfance et, de facto, à teinter ce texte d’une nostalgie pastelle-cucue qui me rebute un peu. Puisqu’il le faut, je parlerai, en une page, de Ratamiel et Rigobert, deux personnages d’une composition de français que j’avais écrite en troisième année du primaire, dans la classe de Louise. Ratamiel et Rigobert – ce devait être la plate projection de moi, 9 ans, et d'Évariste, mon frère aîné – Ratamiel et Rigobert, disais-je, avaient planté un haricot magique qui, une fois arrosé avec l’eau-de-vie – je ne devais pas savoir ce qu’était l’eau-de-vie à l’époque – l’eau-de-vie, redisais-je, avait fait pousser une gigantesque plante qui les menait au-delà des nuages, dans un monde onirique, coloré, esthétique et syntaxiquement ampoulé. Ils y ont gambadé un moment et, si je me souviens bien, je ne me rappelle plus de ce qui s’est passé par la suite (Copier/coller de Jacques et le haricot magique. Plagiat ou ignorance?).
J’ai eu un A.
Il y avait un crocodile gentil, il me semble, qui courait avec eux sur les nuages.
…
À dire vrai, j’aurais préféré être avec mes hommes des tavernes aujourd’hui. Avec mes buveurs bavards. Je les écouterais parler futile. Discourir entre autres sur le Venmar qui, finalement, « sert pas à grand-chose »; sur le réchauffement pathétique; sur la blonde de la chaîne météo « qui fait monter mon thermomètre! » (Rires gras en didascalie); sur le prix de la crevette, de la morue, de la sirène (!); sur l’accident du p’tit Côté dans le ch’min d’la Mine (« Perte totale ».); sur l’implication de l’ACDI dans l’Égypte musulmane (On a le droit de rêver.). Je me serais coulé une macro-brassée – genre Black Label – dans le gorgoton, puis une autre (« Une Black attend pas l’aut’ »), les ouïes grand' ouvertes.
Mais non.
Ratamiel et Rigobert et un crocodile gentil, que je me dis – sur un ton blasé, désolé – et ils couraient sur les nuages par-dessus le marché, les oiseaux et les avions (Une page ridicule ce sera.). Deux enfants munis d’un petit haricot et d’une grande naïveté qui grimpent sur une tige géante – symbolique phallique, complexe de supériorité masculine peut-être – pour passer à travers les nuages – on perce l’hymen? – et qui gambade au côté d’un crocodile sympathique – ???
…
Je devrais écrire ma page à double interligne. Je gagnerais sans doute du temps. Quoique j’aurais dû commencer avant. « Imbécile », que je me dis sur un ton quasi atonique, mi-sarcastique, sans impact véritable sur ma presque apathie. J’ai tout de même bien fait, quand j’y pense. Elles coûtent cher les feuilles blanches. Sans parler de la forêt, toujours en peine (sic) surexploitatatation (siiic) pour de vulgaires pages. Et je n’ai pas non plus évoqué les produits chimiques – « les produits chimériques », dirait Sol – rejetés par les usines de pâtes et papiers dans notre beau Saint-Laurent.
À vrai dire, ce type d’exercice me tente peu. Il m’oblige à retourner dans mon enfance et, de facto, à teinter ce texte d’une nostalgie pastelle-cucue qui me rebute un peu. Puisqu’il le faut, je parlerai, en une page, de Ratamiel et Rigobert, deux personnages d’une composition de français que j’avais écrite en troisième année du primaire, dans la classe de Louise. Ratamiel et Rigobert – ce devait être la plate projection de moi, 9 ans, et d'Évariste, mon frère aîné – Ratamiel et Rigobert, disais-je, avaient planté un haricot magique qui, une fois arrosé avec l’eau-de-vie – je ne devais pas savoir ce qu’était l’eau-de-vie à l’époque – l’eau-de-vie, redisais-je, avait fait pousser une gigantesque plante qui les menait au-delà des nuages, dans un monde onirique, coloré, esthétique et syntaxiquement ampoulé. Ils y ont gambadé un moment et, si je me souviens bien, je ne me rappelle plus de ce qui s’est passé par la suite (Copier/coller de Jacques et le haricot magique. Plagiat ou ignorance?).
J’ai eu un A.
Il y avait un crocodile gentil, il me semble, qui courait avec eux sur les nuages.
…
À dire vrai, j’aurais préféré être avec mes hommes des tavernes aujourd’hui. Avec mes buveurs bavards. Je les écouterais parler futile. Discourir entre autres sur le Venmar qui, finalement, « sert pas à grand-chose »; sur le réchauffement pathétique; sur la blonde de la chaîne météo « qui fait monter mon thermomètre! » (Rires gras en didascalie); sur le prix de la crevette, de la morue, de la sirène (!); sur l’accident du p’tit Côté dans le ch’min d’la Mine (« Perte totale ».); sur l’implication de l’ACDI dans l’Égypte musulmane (On a le droit de rêver.). Je me serais coulé une macro-brassée – genre Black Label – dans le gorgoton, puis une autre (« Une Black attend pas l’aut’ »), les ouïes grand' ouvertes.
Mais non.
Ratamiel et Rigobert et un crocodile gentil, que je me dis – sur un ton blasé, désolé – et ils couraient sur les nuages par-dessus le marché, les oiseaux et les avions (Une page ridicule ce sera.). Deux enfants munis d’un petit haricot et d’une grande naïveté qui grimpent sur une tige géante – symbolique phallique, complexe de supériorité masculine peut-être – pour passer à travers les nuages – on perce l’hymen? – et qui gambade au côté d’un crocodile sympathique – ???
…
Je devrais écrire ma page à double interligne. Je gagnerais sans doute du temps. Quoique j’aurais dû commencer avant. « Imbécile », que je me dis sur un ton quasi atonique, mi-sarcastique, sans impact véritable sur ma presque apathie. J’ai tout de même bien fait, quand j’y pense. Elles coûtent cher les feuilles blanches. Sans parler de la forêt, toujours en peine (sic) surexploitatatation (siiic) pour de vulgaires pages. Et je n’ai pas non plus évoqué les produits chimiques – « les produits chimériques », dirait Sol – rejetés par les usines de pâtes et papiers dans notre beau Saint-Laurent.
Mais bon, une page c'est une page.
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